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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 11:12

 

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Daniel DEPOUTOT

 

Curieuse lecture de l’Alsace, faite par Michel Bettane dans son dernier TAST. A la suite d’une dégustation réalisée en juin dernier à Colmar, celui qui aime rappeler qu’il est agrégé de lettres classiques, passe en revue 95 Riesling issus de Grands Crus. Comme cela n’est pas précisé, on peut supposer que la dégustation ne s’est pas déroulée à l’aveugle.

 

On constate, si l’on s’intéresse dans un premier temps à la notation, une remise en cause sévère des évaluations réalisées par Thierry Meyer puisque des vins perdent jusqu’à 9 points sur 20 par rapport à celles réalisées par ce dernier dans le Grand Guide des Vins de France. Approche et lecture différente de l’Alsace ou cinglant désaveux ?

 

Les commentaires de Michel Bettane sont parfois déroutants. Tantôt il reproche à un vin d’être « trop écrasé par son terroir » ou de ne pas être « assez Riesling », tantôt d’être trop variétal. La lecture des vins, mais peut-il en être autrement avec une telle série, s’arrête le plus souvent à l’aspect esthétique des choses, le fond étant assez peu évoqué. On a parfois l’impression d’assister à une dégustation de courtier cherchant avant tout à mettre en avant le défaut plutôt que de rechercher la qualité intrinsèque des crus dégustés.

 

D’autre part, Michel Bettane relate une dégustation organisée par François Mauss dans le cadre du Grand Jury Européen. De nombreux millésimes de Frédéric Emile et de Clos Sainte Hune de la Maison Trimbach ont été dégustés à cette occasion au restaurant Chez Laurent. L’excellence des notes, toutes au dessus de 16, montre qu’il apprécie le style singulier de ce producteur à la notoriété bien établie. Cette dégustation se serait déroulée « à l’aveugle », aussi je suppose que François Wilhelm présent ce jour là devait porter un masque pour que l’on ne puisse pas le reconnaître.

 

On l’aura compris, Michel Bettane aime les vins normés, plutôt ancienne école. C’est son droit le plus strict. Cependant cette attitude risque de décourager les vignerons, et je ne parle pas des « nature » pour qui la messe est dite, à lui présenter leurs vins s’ils ne correspondent pas aux codes esthétiques dominants tels qu’il les définit. On a longtemps reproché à l’Alsace de trop soufrer les vins, va-t-on lui reprocher maintenant de ne pas le faire assez. L’Alsace viticole est en mouvement, le vin d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier. Au-delà des styles et des esthétiques seul l’esprit (le fond) importe, encore faut-il s’y intéresser.

 

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