750 grammes
Tous nos blogs cuisine Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 21:34
Strasbourg, le 17 septembre


Les Saisons d'Alsace : Les Couleurs du Vin d'Alsace




Le dernier numéro de la revue trimestrielle "Les Saisons d"Alsace" est consacré au vin.


Didier BONNET y propose une exploration oenophilique avec de très beaux textes illustrés par de lumineuses photos de Frantisek ZVARDON.


Pour mon plus grand plaisir on y retrouve en pleine page les portraits de Bruno SCHUELLER et de Patrick MEYER.


L'aspect historique n'est pas oublié et les excellents articles signés par Georges Bischoff et Claude Muller sont admirables de précision. Ce dernier donnera à compter du 23 septembre, au Palais Universitaire de Strasbourg, une série de cours sur l'histoire régionale et  sur le vin en Alsace, à ne pas manquer. Ces cours sont gratuits et ouverts à tout public.


Il faut également souligner la participation à cette publication de Michel LEGRIS, philosophe et caviste à Strasbourg sous  l'enseigne Le Vinophile, qui reste une adresse incontournable pour tous les amateurs de vins.



Partager cet article
Repost0
15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 06:00
Gradoli, le 14 septembre 2008


Azienda Agricola Le Coste Di Gian Marco ANTONUZI


Clémentine


Je reçois des nouvelles de Clémentine et de Gian Marco qui viennent de mettre en bouteille les 2 premiers vins du millésime 2007 : ROSSO et ALEA JACTA EST. Je vous livre leur commentaire.

 


Hiver doux, printemps chaud et sec, été caniculaire : 2007 est une année particulière et peu productive. Heureusement quelques pluies avant vendanges ont permis d’atteindre la maturité parfaite, tout de même marquée par la chaleur. Ces conditions climatiques ont donné aux vins, en particuliers à ceux que nous vous présentons aujourd’hui, la capacité à être déjà prets à boire, gouleyants mais avec une belle structure et une richesse en alcool supérieure aux années précédentes.

 

 

ROSSO est majoritairement issu du cépage Greghetto, à ne pas confondre avec le Grechetto blanc de la région d’Orvieto, ancienne variété locale, proche parent du Sangiovese. D’autres variétés autochtones rentrent dans l’assemblage (à peine 5%), ce sont celles qui sont complantées dans les vieilles vignes (moyenne 50 ans) : ciliegiolo, vaiano, colorino, cannaiolo. Tous les vignobles sont cultivés sans pesticides, desherbants ou engrais chimiques ni traitements phytosanitaires chimiques de synthèse. La vendange est manuelle et s’est déroulée fin septembre-début octobre.  Le raisin est vinifié sans technique particulière de cave et sans ajout de produits oenologiques : la fermentation est spontanée grâce aux levures indigènes, sans anhydride sulfureux et se déroule en foudres de chene slovène. La macération a duré environ trois semaines. Le vin a été élevé près d’un an dans les mêmes foudres jusqu’à sa mise en bouteille, sans filtration ni clarification et sans ajout de SO2



Gian Marco

L’ALEA JACTA EST est un rouge aromatique et sec issu de l’Aleatico, cépage rouge de la grande famille des muscats. Ce cépage est traditionnellement vinifié après le passerillage des raisins mûrs desquels on tire un vin naturellement doux. En 2005, nous avons essayé de le vinifier comme un rouge sec, sans passerillage, ainsi est né le premier ALEA JACTA EST (qui signifie le sort en est jeté), baptisé ainsi autant pour la ressemblance avec le nom du cépage que pour le sens même de cette célèbre phrase prononcée par Jules César traversant le Rubicon.


En effet, pour le faire nous nous sommes laissés guider par la nature et par l’intuition. Le sort en fut jeté et le résultat plut beaucoup, à nous-mêmes comme à nos amis et clients. Ainsi avons-nous réitéré en 2007. Les raisins proviennent de nos vieilles vignes et ont été vinifiés de deux façons différentes : une partie en macération carbonique (raisins entiers, saturation de la cuve en CO2 un mois entier) suivie d’une dizaine de jours de pigeage quotidien, l’autre partie en macération traditionnelle d’environ trois semaines des raisins éraflés.


Dans les deux cas, et comme pour tous nos vins, nous n’utilisons ni techniques de cave ni produit oenologique : la fermentation est spontanée grâce aux levures indigènes et sans ajout de SO2. Les deux cuvées d’aleatico sec ont commencé leur élevage séparément jusqu’à atteindre un point de rencontre au niveau gustatif qui a déterminé l’assemblage en demi-muid. Le vin a été mis en bouteille fin août après un très léger collage au blanc d’oeuf et sans ajout de SO2.


Clémentine et Gian Marco seront de passage en Alsace en fin d'année. J'ai hâte de pouvoir goûter leurs vins qui m'avaient beaucoup plu en janvier lorsque je les avais découverts pour la première fois. Il seront également présents au salon Vini di vignaioli à  Fornovo di Taro, province de Parme, les 2 et 3 novembre prochain. www.vinidivignaioli.com


Si vous passez dans la région du Lazio, n'hésitez pas à leurs rendre visite, ils parlent tous les 2 parfaitement français, ce qui n'est pas surprenant pour Clémentine dont c'est la langue natale.


Azienda Agricola Le  Coste Di Gian Marco ANTONUZI
VIA PIAVE 7
01010 GRADOLI
ITALIA
TEL/FAX : 0039 0761456685
EMAIL :
lecostedigradoli@hotmail.com

 

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 07:28
Dambach-la-Ville, le 9 septembre 2008


Vendanges 2008 : Les préparatifs




Après quelques débats houleux, l'Assemblée générale des pré-vendanges a fixé au lundi 15 septembre l'ouverture des vendanges pour le Crémant et le Muscat Ottonel, qui a connu des problèmes de coulure cette année, et au jeudi 25 septembre pour les AOC Alsace.




Afin d'établir le calendrier de la récolte, des prélèvements de 200 baies sont effectués dans toutes les parcelles par les apporteurs de raisins. Les prélèvements sont analysés dans les structures qui recevront la vendange et un planning de récolte établi en fonction des maturités.




Comme le souligne David Lefebvre dans l'Est Agricole, alors que le millésime présentait le potentiel d'acidité le plus élevé depuis 1996, les pluies des dernieres semaines ont fait chuter ce taux de 30 à 40 % par dilution. Parallèlement à ce phénomène, l'accumulation des sucres a été très importante ce qui lui a permis de dépasser le phénomène de dilution.




Si le beau temps s'installe il faudra alors redouter l'explosion des degrès.

Aux dernières nouvelles, les laboratoires d'oenologie annoncent 2/3 d'acidité tartrique pour 1/3 d'acidité malique ce qui n'est finalement pas si mal.

La prochaine semaine sera capitale avec la pleine lune du 15 septembre.



Partager cet article
Repost0
1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 07:00
Traenheim le 30 août 2008


Jean-Jacques MULLER et le Steinacker


Jean-Jacques Muller au sommet de l'Altenberg, derrière lui le Steinacker

Situé sur l'étroit plateau tout juste en contrebas du sommet de l'Altenberg de Bergbieten, le Steinacker de Traenheim s'étend en un bandeau de 40 à 50 mètres de large sur environ un kilomètre de long. Ses sols pauvres et caillouteux à forte teneur en magnésium sont constitués de marnes du Keuper posées sur un socle de roches dures et fissurées.


Si la notoriété du Steinacker n'égale pas celle de l'Altenberg voisin, sa spécificité mérite que l'on s'intéresse à ses vins. Déjà entre les deux guerres, le négociant Rothberger commercialisait une cuvée revendiquant ce terroir et depuis 1983, le Domaine Charles Muller de Traenheim y produit chaque année une cuvée de Riesling qui porte son nom.

 

Pour Jean-Jacques Muller, le Steinacker c'est un peu le rêve de chaque vigneron. Sur cette crête parfaitement ventée le débourrement est parfois difficile mais la situation sanitaire est toujours parfaite, pas de botrytis, pas de maladies et des rendements faibles sans qu'il soit la peine d'intervenir.

 

Cette année, Jean-Jacques n'a utilisé sur cette parcelle que des plantes, prêle et Reine des prés en décoction, pour soigner la vigne. Pas de cuivre, juste un soufre après la fleur. En limitant ainsi les apports exogènes il préserve la qualité des levures propres au terroir.

 

En Bio depuis 1998, Jean-Jacques reconnaît avoir connu trois premières années de galère avant de trouver l'équilibre. Les sols sont travaillés, une ou deux fois au printemps et une fois après les vendanges, par griffage pour ne pas en modifier la structure et un quart des 11 hectares du Domaine est décavaillonné à la pioche chaque année.



Au fil des millésimes le Steinacker présente toujours ce même caractère plein de vivacité avec même dans sa prime jeunesse, une forte minéralité qui s'exprime dans la salinité finale.

 

Le Riesling Steinacker 2006 possède une belle olfaction de camphre et de pierre mouillée, une attaque sur un fruit bien mûr et des notes de mirabelle. Mais ce qui fait la particularité de ce vin c'est son exceptionnelle tenue en bouche qui s'exprime par un développement sphérique accompagné d'une intensification des arômes. L'acidité est bien présente malgré la fermentation malolactique, elle s'intègre au plus profond de la matière en apportant de la droiture et de la tenue sans jamais saillir. Pas de creux, une sensation intense et réjouissante puis une finale saline. Techniquement sec, c'est un très beau vin de gastronomie, fortement typé et à moins de 10 €.

 

A ce grand classique du Domaine s'ajoutera à partir du prochain millésime un Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten car Jean-Jacques vient de récupérer une parcelle de 40 ares de vieux Riesling idéalement placée sur ce terroir. Jusqu'à présent, seuls le Gewurztraminer et le Pinot Gris issus du Grand Cru étaient à sa carte et l'arrivée du Riesling est une excellente nouvelle qui  permettra de d'élargir son offre et de rejoindre les Loew, Mochel et Schmitt dans leur excellent travail pour la promotion de ce Cru de la Couronne d'Or.

 

Charles MULLER et Fils

89 c, Route du Vin

67310 TRAENHEIM

03 88 50 38 04


Partager cet article
Repost0
20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 20:56
Strasbourg, le 20 août 2008


Bernard WEINZORN




Bernard nous a quitté la semaine dernière à la suite d'un tragique accident sur les pentes du Sommerberg. J'avais eu la chance de le rencontrer un mois plus tôt et avais immédiatement été conquis par sa générosité, sa profondeur et son humanité.

Adieu Bernard.

Partager cet article
Repost0
17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 17:02
Turckheim, juillet 2008


Zind Humbrecht : Rolofaca




Alexandre GUTH, Responsable Vignobles du Domaine ZIND-HUMBRECHT, m'a fait parvenir quelques photos prises à l'occasion d'un travail au rolofaca tracté par un cheval.




De plus en plus utilisé dans le vignoble alsacien cet outil possède la particularité d'être peu onèreux, puisque généralement construit par ses utilisateurs qui adaptent la position des lames sur le lourd rouleau en fonction des couverts végétaux de leurs parcelles.




Destiné à maîtriser l'enherbement, le rolofaca agit en plaquant au sol les couverts végétaux  en pinçant les tiges des herbes afin de couper la montée de sève. Le paillis qui en résulte protège les sols de l'érosion et permet de conserver l'humidité favorable à une bonne décomposition de la matière organique.




Cette technique qui limite la repousse d'adventices, évite le recours à la faucheuse qui stimule la repousse de l'herbe consommatrice d'humidité et qui diminue la diversité botanique. L'outil qui est généralement tiré par un tracteur viticole est ce jour là tracté par un cheval. Cet exercice permet à l'animal de conserver une bonne condition physique et une habitude au travail pendant la période creuse entre les travaux de printemps et ceux d'automne.


Partager cet article
Repost0
1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 14:00
Mittelbergheim, le 29 juillet 2008


Claudie et Francis Hunzinger :
"Pénétrer l'intimité des terroirs"


Kastelberg

Pour sa 4éme édition, la biennale d'art contemporain "Itinéraires" nous invite à cheminer dans les villages du pays de Barr et du Bernstein pour y rencontrer les créations de 24 artistes plasticiens "qui soulignent la poésie d'un lieu ou qui imaginent de nouvelles ouvertures".

 

A cette occasion, Claudie et Francis Hunzinger, ont réalisé un intéressant travail qui leur a permis de pénétrer l'intimité des terroirs de la région d'Andlau et de Mittelbergheim.

 

Au cours de leurs promenades dans le Kastelberg, le Wiebelsberg et le Zotzenberg ils ont ramassé des échantillons de pierres et de terres en différents points de chaque cru. Puis par broyage, tamisage, lavage et décantation, en ont extrait les pigments minéraux afin d'établir une charte de couleurs de chaque cru.

 

Wiebelsberg

 

Des piquets de vignes ont été peints aux couleurs de chaque terroir puis placés dans l'enceinte du vieux moulin à huile de Mittelbergheim.

 

Les couleurs sont la signature des crus, elles en révèlent la personnalité. Il suffit alors d'établir une correspondance baudelairienne et de rechercher une similitude entre les couleurs des terroirs et les saveurs des vins qui en sont issus.

 

C'est à cet agréable exercice, organisé par Jean-Pierre Rietsch en présence de Claudie et Francis Hunzinger, que se sont livrés quelques amateurs d'art et de vin, en dégustant trois Riesling du millésime 2005

 

Zotzenberg

 

Le Kastelberg s'exprime par des notes minérales de pierre à fusil et des expressions florales de trèfle blanc. Sa structure est verticale, sa matière dense enrobe parfaitement l'acidité d'une extrême finesse. Sa salinité remarquable fait saliver et laisse en bouche un bel éclat. On retrouve dans le vin, l'austérité, la profondeur réjouissante des gris, la densité et la virilité des violets sans que jamais la froideur ne prenne le dessus.

Kastelberg Riesling 2005 Kreydenweiss

 

Des senteurs florales de jasmin et de tisanes, une acidité précise et gourmande qui tout de suite s'impose et trace le vin. La bouche est aérienne, pleine de grâce et de sensibilité. Les blancs cassés, les roses pâles et les ocres doux du Wiebelsberg restituent parfaitement la féminité du vin et son expression à la fois fugace et rémanente.  

Wiebelsberg Riesling 2005 Rietsch

 

Avec les sols lourds et profonds du Zotzenberg, le registre est plus exubérant et aussi plus joyeux. Du fruit avec des notes de poire, de pèche de vignes et une acidité large et puissante qui prend le pas sur le sucre fondu dans la belle matière finement marquée de botrytis. Le registre est baroque, explosif, presque clinquant mais sans rien d'ostentatoire ni de prétentieux. Seulement une explosion radieuse d'arômes et de couleurs.   

Zotzenberg Riesling "Tête à Tête" 2005 Rietsch (VT non revendiquée)



Partager cet article
Repost0
24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 08:15
Andlau le 17 juillet 2008


L'Avenir de l'Alsace


Antoine Kreydenweiss, Rémi Gresser, Philippe Maurer, Jean-Michel Deiss


"Le cépage est secondaire, ce n'est pas lui qui est le vecteur de notre identité. La dimension de l'Alsace passe par ses terroirs, les cépages doivent s'effacer."

 

Je me souviens de ces mots prononcés il y a un an et demi par Jean-Michel DEISS alors qu'il nous faisait goûter sa cave et mesure aujourd'hui la justesse de son analyse et l'urgence de la mettre en œuvre.

 

Aujourd'hui à Andlau, Jean-Michel, invité en sa qualité de Président des Grands Crus d'Alsace par Rémy GRESSER, Philippe MAURER et Antoine KREYDENWEISS responsables respectifs des gestions du Kastelberg, Moenchberg et Wiebelsberg, est venu s'adresser à l'ensemble des producteurs de ces terroirs, réunis à l'occasion d'un contrôle interne des échantillons du millésime 2007, pour expliquer la situation actuelle de l'AOC Alsace Grand Cru.

 

Devant l'urgence de la situation, il n'y va pas par quatre chemins. "Nous avons récupéré un vignoble dévasté par la guerre, et pourvu d'un encépagement de bas de gamme. En 40 ans nous l'avons transformé en un modèle qualitatif et économique viable avec pour référence le cépage. L'Europe nous impose une nouvelle révolution qui est de prendre maintenant pour référentiel le terroir, sous peine de nous retrouver noyés dans une nouvelle classification qui risque de nous faire perdre notre identité."

 

La vidange de l'actuel système français de classification des vins (AOC, Vin de Table, Vin de Pays) et son passage dans un système segmenté en AOP (vin d'appellation d'origine protégée), IG (vin avec indication géographique) et Vin sans IG (vin sans indication géographique) annonce en Alsace un véritable raz de marée à venir le 9 août 2009.

 

Comme le précise David LEFEBVRE dans un récent article de L'Est Agricole et Viticole, "Derrière ces changements de sémantique se profile la libéralisation voulue par la commission européenne. A partir d'août 2009, elle donnerait à chacun la liberté de planter n'importe quel cépage, n'importe où et en plus, permettrait aux vins de qualité inférieure de revendiquer le millésime et le cépage sur l'étiquette."

 

La mise en application de cette réforme aurait pour conséquence, si rien n'était fait avant la date butoir, d'exclure l'ensemble du vignoble alsacien de l'AOP et de le retrouver dans une classification de vin avec indication géographique soumis à la concurrence des industriels du vins qui pourraient planter hors de l'actuelle AOC et produire à bas coût des vins revendiquant cépage, millésime et bassin de production.

 

Pour faire face à cette situation, Jean-Michel DEISS propose aux vignerons d'entamer la révolution qu'il a lui-même réalisée dans son Domaine et de ne plus s'appuyer sur la notion de cépage mais sur celle de terroir. Par la mobilisation de tous les responsables des gestions locales des Grands Crus et de leurs adhérents, il entend défendre le positionnement des actuels Grands Crus en AOP et envisage par la suite une hiérarchisation des terroirs qualitatifs non classés Grand cru en Premiers Crus et Villages.

 

Pour cela, il s'est entouré d'un groupe de travail dont l'objectif a été d'établir un cahier des charges ambitieux qui répondrait aux exigences européennes en matière d'AOP et sur lequel les gestions locales des Grands Crus puissent s'appuyer pour qualifier les particularités de leurs terroirs et expliquer le lien entre leurs vins et de leurs terroirs.

 

Ce document de réflexion a pour vocation de synthétiser en 10 grands principes les ambitions consensuelles de l'Appellation Alsace Grand Cru. Charge aux acteurs de l'appellation de se l'approprier, de le spécialiser et de la mettre en œuvre. Chaque gestion locale se voit la possibilité de faire des propositions sur les différents leviers que sont les cépages, la densité de plantation, les méthodes culturales, etc.

 

Sans entrer dans le détail des 10 principes, on peut noter l'importance qui est accordée au respect du terroir qui doit avant tout être servi par le vigneron.

 

Ceci conduit à refuser les aménagements qui modifient la structure des sols et à rechercher un enracinement profond qui contraigne la plante à un rapport intime et stabilisé avec son milieu.

 

Un plan d'encépagement spécifique à chaque terroir doit être déterminé en fonction de la capacité de chaque cépage à révéler le terroir : "Le cépage doit s'effacer devant l'identité du terroir pour n'être qu'un vecteur de son expression". Ce plan précisera si ces cépages seront plantés seuls ou en mélange, si les acteurs locaux jugent que cette option restitue mieux le terroir.

 

Le respect de l'environnement s'impose comme règle de base. Les conditions d'utilisation de produits phytosanitaires doivent être soumis à des conditions strictes.

 

Les règles de vinification doivent éviter de modifier les caractères distinctifs du raisin, les intrants limités aux seules impasses de vinification.

 

Au travers de ces exigences, les rédacteurs ont voulu réaffirmer leur respect pour le terroir, le consommateur mais aussi pour le métier de vigneron qui tout en s'identifiant à sa famille conserve sa propre interprétation, sa sensibilité et sa personnalité.

 

D'autre part, afin de se protéger de la dérive évoquée précédemment, consécutive à la plantation de cépage en IG, l'AVA demande l'exclusion du Riesling, du Sylvaner et du Gewurztraminer de la liste des cépages autorisés en vins sans IG ou avec IGP.

 

Même s'il fait preuve d'optimisme, Jean-Michel DEISS sait que la situation est délicate et que l'Alsace ne pèse pas lourd dans le marché viticole français. Cependant on peut être certain qu'il fera preuve de la même combativité pour défendre la filière et ses collègues vignerons que celle dont il usa il y a quelques années pour défendre sa vision de la viticulture.

 

A l'issue de son exposé et des nombreuses questions qui en ont découlées, plus de 40 échantillons de vins issus du millésime 2007 des 3 Grands Crus d'Andlau furent dégustés par les vignerons locaux, sous la direction de vignerons externes à la commune formés en qualité d'experts.

 

Chaque vin s'est vu évalué sur ses qualités techniques et la présence éventuelle de défauts, sur la qualité de sa matière et sur sa typicité en relation avec le terroir. Chacun de ces 3 points est noté sur une échelle en 4 niveaux qui constitue une première étape dans le nouveau processus d'agrément.

 

Les 7 Kastelberg présentés, dont une VT et une SGN, ont tous fait preuve d'une typicité remarquable. En dehors de sa géologie unique, ce terroir  est encépagé uniquement de Riesling, aussi est-il relativement simple d'établir et de décrire le profil aromatique et la structure des vins qui en sont issus.

 

Je souhaite qu'il en soit de même pour les autres terroirs Grands Crus.


Partager cet article
Repost0
15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 09:37
Vendredi 11 juillet 2008


Frantisek ZVARDON : Portraits de Vignerons




Ce vendredi j'accompagne Frantisek ZVARDON parti tirer le portrait de quelques vignerons. Et pour commencer, l'ami Albert SELTZ, au caractère bien trempé et avec qui on ne s'ennuie jamais, dans sa cave à Sylvaner où veille le Rhinocéros de DOUZIECH.




En fin de matinée, nous arrivons chez Bernard WEINZORN à Niedermorschwihr. Je ne connaissais pas ce vigneron installé à l'entrée du village et dont les vins reflètent toute l'humanité, la profondeur et la générosité de leur géniteur.




Je voulais aussi faire se rencontrer Bruno SCHUELLER et Frantisek. Ce dernier est tombé sous le charme des vins lumineux et éclatants de Bruno comme ce Pinot Gris 2003 qui va bientôt être mis en bouteille après 5 ans d'élevage.




Ravi d'avoir partagé cette journée avec un artiste et ses modèles, je mesure le fossé qui sépare ceux qui comme moi prennent des photos et ceux qui font de la photographie un Art.





Frantisek ZVARDON
www.zvardon.com

Domaine Albert SELTZ
www.albert-seltz.fr

Bernard WEINZORN
135, rue des Trois Epis
68230 NIEDERMORSCHWIHR
03 89 27 26 57

Bruno SCHUELLER
1, rue des Trois Châteaux
68420 HUSSEREN LES CHATEAUX
03 89 49 31 54

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 09:12
Mittelbergheim, le 29 juin 2008


Isabelle BIANQUIS
De l'Homme au Vin





Invitée par la Paroisse Protestante de Mittelbergheim, Isabelle BIANQUIS, Professeur d'Anthropologie à l'Université de Tours, est de retour en Alsace près de 25 ans après avoir publié aux Editions Gérard KLOPP sa thèse intitulée "De l'Homme au Vin".

 

Etudiante en ethnologie à Strasbourg elle avait alors interrogé plus de 50 vignerons majoritairement haut-rhinois afin de reconstituer à travers leurs paroles la symbolique du vin en Alsace.

 

Mais avant d'entrer dans la symbolique, il lui a fallu rassembler les informations et trouver la logique qui sous tend les pratiques quotidiennes. Lorsqu'elle commence sa recherche, Isabelle BIANQUIS ne possède aucune connaissance du monde du vin ni de celui de la viticulture, aussi c'est avec un regard neuf et sans à priori qu'elle s'est plongée dans ce monde d'hommes et de traditions.

 

Au terme de sa recherche, elle découpe le calendrier viticole en 2 cycles : Celui de la vigne et celui du vin.

 

Le cycle de la vigne est en relation avec la naissance de l'homme. Paradoxalement ce n'est pas le moment de la plantation, situé entre le 10 avril et le 10 mai, qui en constitue le début. Le cycle de la vigne commence le 2 février, date du début de la taille, pour se terminer le 1 novembre, date à laquelle il faut avoir impérativement terminé de mettre le vin en cuve.

 

Cette période longue de 9 mois est marquée par la double intervention de l'homme et de la femme, dans un rôle actif pour l'homme et passif pour la femme.

 

Le 2 février commence la taille. Cette date correspond dans le calendrier populaire à la fin des veillées, à la clôture du cycle hivernal et au début de la période de carnaval. Dans le calendrier religieux c'est aussi le jour de la purification de la Vierge Marie. C'est le jour où l'on raccompagne les morts, après la période hivernale, dans leur domaine afin qu'ils contribuent au renouvellement de la terre.

 

Par la taille, l'homme aide la plante à profiter des forces de la terre pour renouveler son cycle. La femme lie les sarments en fagots. L'acte de nouer est lié à la nidation pour retenir la vie.

 

Le 24 juin est la seconde date importante du cycle de la vigne. C'est la date de la floraison, elle marque la seconde entrée de la femme dans la vigne qui vient pour une fois de plus nouer les sarments sur l'échalas. C'est elle qui s'occupe de l'embryon de raisin dans un rôle de réceptacle et de mère.

 

Cette date se situe au juste milieu d'un cycle placé sous le signe de l'eau et du soleil.

 

Les vendanges, 100 jours après la fleur, clôturent le cycle de la vigne mère. Par le foulage, le raisin est mis à mort. Cette petite mort est nécessaire dans ce processus de mutation qui va se terminer par une renaissance.

 

Le cycle du vin, cycle divin, se déroule du 2 novembre au 1 février. La fermentation entamée en tout début de cycle doit impérativement se terminer avant la Saint Martin, date à laquelle on doit pouvoir bonder le tonneau. Cette période tumultueuse, restée longtemps incomprise avant que Pasteur n'en explique le processus, est en lien avec la conception alchimique qui considère que "pour créer un nouvel ordre, il faut retourner à l'origine puis répéter la cosmogonie".

 

"Dans ce contexte alchimique, la fermentation se situe au seuil du commencement d'une autre vie supérieure."

 

La cave est un domaine souterrain où œuvre l'homme. La femme n'a rien à y faire surtout si elle est en situation d'impureté.

 

Quarante quatre jours après la Saint Martin, le vin est tiré.

 

Si cette symbolique n'est plus aujourd'hui d'actualité, il subsiste tout de même des éléments qui, malgré le temps et l'évolution des méthodes culturales et de vinification, perdurent.

 

Isabelle BIANQUIS a conquis par sa gentillesse et la clarté de son propos mais aussi en répondant à des questions des plus pointues posées par des auditeurs attentifs. La discussion s'est ensuite poursuivie autour de quelques vins encore en fermentation chez Jean-Pierre RIETSCH.

 

Actuellement, Isabelle BIANQUIS termine la rédaction d'un ouvrage qui sera publié prochainement avec pour sujet les alcools de laits de vache et de jument fermentés en Mongolie.



Partager cet article
Repost0