750 grammes
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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 19:56

 

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Issu de la contestation consécutive à la mise en application de la loi BOROCCO, un mouvement va se structurer autour des porte-paroles dont la voix s’était fait entendre au cours de l’année 1972. La situation économique délicate causée par le premier choc pétrolier ajoutée à une récolte pléthorique en 1973 va concourir à créer un contexte favorable à la controverse et à l’émergence d’un syndicat opposant à l’AVA.

 

En 1973, plus d’un million d’hectolitres de vins, alors que le vignoble compte à l’époque moins de 10.500 hectares, remplissent à ras bord les cuves des vignerons, des négoces et des coopératives du vignoble. Le contexte économique est peu favorable à la vente de vins d’AOC et toutes les régions viticoles françaises souffrent de la récession des ventes et de l’augmentation du coût de la vie. Les vignerons récoltants qui vendent leurs vins en vrac, et tout particulièrement ceux qui avaient pour habitude de les commercialiser auprès de négociants situés hors de la région ne trouvent pas preneur. Le vignoble est sous tension, Eugène FALLER décide alors de structurer le mouvement revendicatif dont il est à l’origine et de créer un syndicat. Ainsi naîtra en 1974 l’Association de Défense des Intérêts des Viticulteurs d’Alsace (ADIVA). C’est à Raymond GEIGER, fils d’Achille GEIGER, que l’on doit d’avoir trouvé le nom d’ADIVA au volant de sa voiture en passant près de Krautergersheim. Ces cinq lettres allaient pendant près de 10 ans résonner dans les oreilles des dirigeants de la viticulture alsacienne.

 

La première réunion de l’ADIVA a lieu à Sélestat le 19 juillet 1974. Marcel BLANCK, Président de l’AVA, entouré de son équipe a décidé de se rendre au Foyer Catholique où se tient la réunion afin de dialoguer avec ses nombreux opposants réunis. S’en suit une cohue invraisemblable où il est difficile de faire la part des choses. Les membres de l’ADIVA reprochant à ceux de l’AVA de les empêcher d’assister à la réunion en leur interdisant par la force l’entrée de la salle alors que les syndicalistes de l’AVA prétendent que ce sont ceux de l’ADIVA qui ne les laissent pas entrer. Ce qui est certain c’est que les deux parties ont amené avec elles leurs membres les plus représentatifs physiquement pour impressionner l’adversaire. Une fois tout le monde entré dans la salle la tension semble s’apaiser jusqu’à ce que Marcel BLANCK qui souhaite s’adresser à ses opposants ne soit bousculé en bas de la tribune. Les membres de l’AVA quittent alors la réunion non sans avoir échangé quelques coups et évité des jets d’objets divers. Le dialogue entre les deux organisations syndicales semblait irrémédiablement promis aux pires difficultés.

 

Début septembre 1974 a lieu dans la même salle de Sélestat, la première assemblée générale de l’ADIVA. Son président Eugène FALLER est entouré d’Achille GEIGER le secrétaire général et de Gérard MEYER le trésorier. Six cent personnes ont pris place dans la salle ou règne une ambiance bien plus calme que lors de la précédente réunion. Monsieur FALLER annonce que son association a recueilli jusqu’ici mille cinq cent adhésions et qu’il compte rapidement en obtenir cinq cent de plus afin d’avoir plus de poids vis-à-vis de l’AVA. Il invite ensuite les viticulteurs présents à mieux se structurer en désignant un responsable par village avant de reprendre et développer les différents points forts de son programme :

 

-          Suppression immédiate de la mise d’origine

-          Refus de l’arbitraire de la réglementation des dates des vendanges

-          Opposition à la limitation des rendements

 

M. FALLER engage, entre autre, les membres de son association, à ne plus payer leur cotisation à l’AVA et exige du négoce alsacien qu’il paye les vins à un prix juste sans vouloir tirer profit de l’absence de la concurrence qui vient d’être écartée par la loi BOROCCO.

 

Mais la crise est profonde, aussi à l’aube des vendanges 1974, alors qu’on ne sait encore où et comment l’on va stocker la future récolte, c’est Xavier MULLER, maire de Marlenheim, président de la fédération des vendeurs de raisins, membre du bureau de l’AVA et membre du CIVA qui est mandaté pour jouer le rôle de monsieur bons offices et tenter de dénouer la situation. M. MULLER est partisan de la mise d’origine qu’il considère comme payante à long terme, aussi son action va consister à obtenir de la part des caisses régionales du Crédit Agricole des liquidités qui permettront aux négociants d’acheter environ 50.000 hectolitres et de les stocker. D’autres démarches sont entreprises auprès du ministère des Finances, elles visent à étendre au profit de l’Alsace une loi déjà appliquée dans d’autres régions vinicoles françaises qui autorise les viticulteurs manipulants à acheter du vin en vrac chez leurs collègues jusqu’à concurrence de 5% du volume de leur propre récolte. Au total 80.000 hectolitres de vins en vrac pourraient être ainsi achetés afin de débloquer la situation.

 

Ces propositions suscitent le scepticisme chez les dirigeants de l’ADIVA qui s’élèvent contre le négoce local à qui ils reprochent de jouer le blocage des achats pour obtenir des prix plus bas des vignerons lassés d’attendre et obligés de faire de la place dans la cave pour accueillir la future récolte.

 

La situation se débloquera finalement avec la mise en place de moyens de stockage mais l’opposition AVA – ADIVA restera persistante tant les deux visions la viticulture alsacienne sont éloignées. Comment Marcel BLANCK après avoir créé un groupe de réflexion au tout début des années 60 puis mis en œuvre une politique courageuse de réformes pour faire de l’Alsace une région viticole de haut niveau pouvait-il s’entendre avec un Eugène FALLER, de trente ans son ainé, animé par un fort conservatisme.

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 18:34

 

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Une histoire de l'Alsace, une de plus direz vous. Cependant celle qui vient de paraître aux éditions Yoran enbanner sous la plume de François WAAG, a le mérite de présenter les faits historiques du point de vue alsacien en remettant en cause certaines versions dont l'histoire de France s'est arrangée.

 

De l'image patriotique sérieusement écornée de l'Alsace qui se serait "donnée à la France" à l'issue de la guerre de trente ans à l'intolérance des autorités académiques après 1945, rien n'est oublié. L'auteur apporte une relecture des faits qui complète les ouvrages de référence que sont les indispensables Histoire de l'Alsace écrites par Lucien SITTLER et Rodolphe REUSS.

 

 

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En vente dans toutes les bonnes librairies pour 12 €.

 

On trouve très facilement et à des prix décents les deux autres ouvrages chez les bouquinistes présents chaque samedi sur la place Kleber.

 

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 16:16

 

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"2012, Année record" titraient les Dernières Nouvelles d'Alsace le jeudi 11 octobre. En effet l'Alsace n'aura jamais produit autant de maïs que cette année. Il n'en sera pas de même pour la viticulture qui s'attend à une toute petite production en raison d'une floraison perturbée par les conditions atmosphériques.

 

Si les Crémants s'en sortent plutôt bien avec des volumes relativement constants, les volumes de Riesling, Muscat et Gewurztraminer seront très en retrait. Alors que la plupart des vignerons s'apprête à entamer une quatrième semaine de vendange des vins tranquilles, la météo de la semaine dernière ne s'est pas montrée particulièrement clémente. Les nombreux passages pluvieux entrecoupés de belles éclaircies ont tout de même ralenti le rythme engagé dès la fin septembre.

 

Ce millésime tient son originalité par la concordance précoce des maturités techniques et physiologiques des raisins. Les jus présentent des maturités abouties avec une richesse en sucres modérée et beaucoup de pureté dans la mesure où l’état sanitaire est parfait. Les fermentations alcooliques s’engagent spontanément et se déroulent bien jusqu’à maintenant.

 

Les températures fraîches sont de retour après une alerte en fin de semaine dernière où un bref réchauffement pendant le week-end, avait provoqué quelques dégâts dans certaines parcelles.

 

Des vignerons sont déjà très avancés dans leur récolte alors que d’autres ont pris le parti d’attendre surtout lorsque les vignes sont situées sur des sols plus légers qui évacuent bien la pluie. Nous saurons à la fin de la semaine qui vient, les quels ont eu raison.

 

 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 18:24

 

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Sauro (à droite) et son cousin

 

Alors qu'en Alsace on attaque le dernier tiers des vendanges, retour sur une belle visite estivale au Podere Luisa, situé dans le petit hameau toscan de Rendola, à quelques minutes de Montevarchi - province d'Arezzo.Sauro et son épouse Romina tiennent une maison d'hôtes fort accueuillante dont j'avais brièvement parlé il y a un certain temps.

 

Si la location des appartements occupe une place importante tout au long de l'année, l'activité principale de la Podere Luisa reste la viticulture. Les dernières productions marquent une orientation très nette vers la production de vins au profil très "Nature" parfaitement réussis.

 

 

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L'ensemble du Domaine est conduit selon les principes d'une agriculture biologique particulièrement intelligente et adaptée aux conditions climatiques. L'état des vignes qui subissent une seconde année de canicule témoignent du soin qui leur est apporté. Palissage manuel rigoureux car les vignes ne sont pas rognées. Le cavaillon est travaillé,  l'inter rang est enherbé et le couvert végétal est couché au rolofaca pour protéger le sol d'un soleil brulant.

 

La culture des cépages autochtones est privilégiée et les différentes cuvées sont issues de Sangiovese, Canaiolo, Trebbiano et Malvoisie sans oublier le très local Colorino de Valdarno.

 

Les cuvaisons sont réalisées en vendange entière ou partiellement égrappée avec un très léger sulfitage. Les différentes cuvées sont élevées dans des petits foudres, en demi-muids ou en barriques de plusieurs vins car l'apport d'un boisé n'est pas recherché. Les vins sont mis en bouteille sans apport de soufre et sans filtration.

 

 

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Parmi la gamme des vins, je retiendrai en rouge le Castelperso aux arômes de fruits noirs et d'épices et en blanc l'Amnesya, une cuvée réalisée en macération selon la méthode traditionnelle locale. Les vins possèdent tous une agréable fraîcheur et une race que l'on apprécie tout particulièrement à table en accompagnement des charcuteries locales et des plats régionaux cuisinés par Romina.

 

Idéalement situé à mi chemin entre Sienne et Arrezo et à moins d'une heure de Florence, que l'on peut rejoindre par l'autoroute mais encore plus facilement en train à partir de la gare de Montevarchi, le Podere Luisa est la base idéale pour visiter la Toscane en profitant d'un accueil de grande qualité dans un cadre rural soigné à l'écart des flux touristiques.

 

www.podereluisa.it

 

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 14:48

 

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La question en elle-même pose problème, relève Didier BONNET, journaliste spécialiste du secteur viticole, qui anime un Club de la Presse à l’étage de la Winstub Zum Strissel ce jeudi 27 septembre. Pourtant, alors que les vendanges battent leur plein, il reste du devoir des journalistes de contrôler l’information qui leur est transmise par des instances viticoles qui se félicitent parfois un peu rapidement des indicateurs flatteurs en oubliant d’évoquer ceux qui le sont moins.

 

Sans être dramatique, la situation du vignoble reste cependant préoccupante. Les ventes sont en retrait sur le marché national et les prix de vente du raisin ne sont pas au beau fixe. Alors même si l’on peut se réjouir d’une progression des ventes à l’export, il est juste de s’interroger sur la question initiale.

 

Autour de Didier BONNET, deux intervenants de qualité en la personne de Jean-Michel DEISS que l’on ne présente plus et de Serge FLEISCHER, Directeur de la Cave Arthur METZ qui compte parmi les plus importantes structures de négoce.

 

Serge FLEISCHER : « Le vignoble alsacien subit comme les autres secteurs d’activité l’augmentation des charges qui pèse sur les entreprises et le marché du vin est de plus en plus concurrentiel. La situation est la plus difficile pour les vins d’entrée de gamme qui doivent affronter la concurrence de vins qualitativement satisfaisants, produits dans d’autres pays que le nôtre. L’offre est pléthorique. »

 

 

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Jean-Michel DEISS : « S’il y a crise, c’est d’abord une crise de confiance, d’identité qui accompagne une crise économique. La libéralisation consécutive aux négociations du GATT a provoqué une mutation du rôle du vin. Le vin libéralisé n’est plus le fruit du raisin. Il a perdu sa dimension mystique, éthique. Une nouvelle catégorie de vins voit le jour, ce sont les Vins Sans Indication Géographique. Produits sans aucune contrainte ils répondent à un marché qui s’est mondialisé. Personne dans la profession n’a jugé utile de prendre en compte cette évolution ni d’en tirer les conséquences afin d’en faire un atout plutôt que de la subir. Il reste que depuis 10 ans, le prix du raisin n’a augmenté que de 4%, ce qui revient à dire que sa rémunération a chuté de 25 à 30%. »

 

Serge FLEISCHER : « Ces quinze dernières années, le vignoble alsacien a augmenté significativement la qualité de sa production. Cependant son handicap réside dans le fait que ses efforts n’ont pas été valorisés. En recherchant dans les archives de la maison, je me suis rendu compte qu’en 1981 la bouteille de Crémant se vendait 25 Francs alors qu’aujourd’hui elle est vendue moins cher. C’est le constat d’échec de la filière. D’autre part, le positionnement bâti sur le cépage en oubliant la référence au terroir conduit dans l’impasse. On ne peut tout positionner sur le cépage. La concurrence tire les prix vers le bas.

 

Jean-Michel DEISS : « Nous ne sommes pas assez fier de nos terroirs. Ce sont eux qui constituent notre identité, ils sont l’essence et le sens de l’AOC. Ceux qui veulent conserver l’AOC pour tous les segments de vin se trompent. Ca ne marche pas. Il n’est pas possible de conserver dans la même famille des vins d’entrée de gamme vendus à 3 € avec ceux qui sont vendus dix fois plus cher. Et c’est bien là que réside le problème. »

 

Didier BONNET : « Quelles solutions s’offrent à nous ? »

 

Jean-Michel DEISS : « Il faut segmenter les vins de haut de gamme, de milieu de gamme et ceux du début de gamme qui doivent répondre à des contraintes allégées afin de pouvoir produire un vin compétitif du point de vue tarifaire et qualitatif sur son segment de marché. »

 

 

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Serge FLEISCHER : « Le nouveau système de distribution du vin dans le monde n’offre pas de la place pour tout le monde. Si, il y a une dizaine d’année chez un caviste londonien les vins français étaient présents sur un linéaire de sept mètres de long, aujourd’hui ils doivent se contenter de moins du quart car la place initiale car l’espace est maintenant occupé par des vins issus d’autres origines. Tous les vignobles ont le même problème. Il faut être capable de produire des vins de cépage concurrentiels et rémunérateurs mais aussi clarifier notre offre. »

 

Jean-Michel DEISS : « On veut couvrir tous les segments de marché dans le cadre unique d’un cahier des charges. C’est impossible. Notre AOC est une prison. Elle est trop restrictive pour celui qui veut produire un vin de cépage compétitif et trop laxiste avec ceux qui veulent produire des vins de haut de gamme. Il faut rendre à l’AOC son objet, celui de produire un vin éthique en renonçant à la chaptalisation et à l’acidification. Les meilleurs producteurs ont déjà fait ce pas. »

 

Serge FLEISCHER : « Il est paradoxal de constater que malgré la crise, le foncier reste cher. C’est irréaliste. »

 

Jean-Michel DEISS : « On gagnera la bataille des bouteilles par la bataille des idées. Comme la Californie nous sommes à la recherche de nos terroirs, de notre identité. Début 2013, je vais créer une Université des Grands Vins avec pour objectif de rassembler, professionnels et amateurs autour de la conquête de la reconnaissance de nos vins dans la famille des Grands Vins. »

 

L’analyse faite par les deux intervenants, l’un issu du négoce, l’autre de la production indépendante est identique. Je ne sais si Jérôme BAUER, le nouveau Président de l’AVA, sera sensible aux arguments apportés et s’il partage les propositions qui ont été faites. Très récemment, il réclamait l’union de toutes les familles du vignoble pour sortir par le haut. Un début d’union existe, reste à convaincre les vignerons indépendants, les apporteurs de raisins, les structures de négoce et les coopératives de les rejoindre, ou bien de faire à la profession, des propositions qui tiennent compte d’un marché actuel qui nécessite de profondes mutations.

 

Lorsqu’à la fin des années 60, Marcel BLANCK rassembla autour de lui ceux qui ont permis à la viticulture alsacienne de sortir du marasme, il a dû faire face à de nombreux opposants et quelques décisions ont été lourdes de conséquences pour certains qui acceptaient mal tout changement. Qui aujourd’hui, regrette ce qui a été fait parfois dans la douleur ?

 

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 19:04

 

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C'est la petite dernière de PERLE, brassée par Christian ARTZNER. Fermentée à partir d'un assemblage de moût de raisin et de malt d'orge, elle concrétise la rencontre d'un savoir faire brassicole avec le fruit du vignoble alsacien.

 

Fruitée, ample, portée par une structure acide marquée, la nouvelle Perle des vignes amène un souffle nouveau dans un paysage brassicole alsacien dynamique où l'animation se fait par de petites structures qui proposent des bières de qualité comme la Bière de Moon et celles produites par la brasserie de Lobsann.

 

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 08:23

 

Météo maussade et humeur morose en Alsace où l’on attend toujours que le beau temps s’installe durablement. Entre les ondées, les températures largement en dessous des moyennes saisonnières et aussi la grêle qui a frappé entre Epfig et Reichsfeld, il y a de nombreux sujets d’inquiétude.

 

Après une floraison perturbée par la météo peu clémente, les grappes sont maintenant au stade de la fermeture. La pression du mildiou reste présente et les nuits fraîches semblent nous préparer une offensive de l’oïdium. Alors il faut rester vigilant, mais encore une fois, la situation est loin d’être aussi dramatique que dans d’autres régions viticoles.

 

Cette année on ne vendangera pas fin août mais plutôt fin septembre, si le soleil veut bien faire mûrir les grappes.

 

L’AVA (Association des Viticulteurs d’Alsace) créée en 1911 vient de fêter son centenaire avec une année de retard, mais il est vrai que le cinquantenaire l’avait été également. Le CIVA (Comité Interprofessionnel des Vins d’Alsace) a pour sa part présenté les visuels de sa nouvelle campagne de communication et l’on ne verra plus la cigogne empaillée qui servait de support ces dernières années..

 

Mais des voix s’élèvent pour critiquer les fêtes du centenaire qui auraient coûté, sans que cela ait été confirmé, quelques 600.000 €, alors que les ventes et les cours des vins alsaciens souffrent dans un marché particulièrement atone, ce qui constitue une première depuis de nombreuses années. La nouvelle campagne publicitaire du CIVA n’échappe pas non plus aux critiques portées dans la presse locale par Jean MEYER du Domaine JOSMEYER.

 

Jean MEYER se félicite pourtant du succès obtenu par le Salon Millésime Alsace qui s’est tenu le 11 juin dernier à Colmar. Organisé par Marc RINALDI et Colmar Expo, ce salon aurait connu un beau succès avec 504 visiteurs, majoritairement professionnels, puisque c’est à eux que ce salon était destiné. Président de la Cave de l’Anneau, Marc RINALDI qui investit dans les Bordeaux, souhaite apporter sa contribution à la notoriété de l’Alsace. Jusqu’à présent, c’est le CIVA qui se chargeait de la communication des vins d’Alsace en organisant, entre autres nombreux événements, la Journée des Grands Crus d’Alsace ouverte le dimanche aux particuliers et le lundi aux professionnels. Peu de différences entre ces deux manifestations, si ce n’est qu’à Kientzheim, les vignerons sont classés par terroirs Grand Cru alors qu’à Colmar ils l’étaient par ordre alphabétique. D’autre part Millésime Alsace a ouvert ses portes aux trois négociants qui ont fait le choix de ne pas revendiquer l’AOC Grand Cru et qui de ce fait ne participent pas à la manifestation annuelle toujours fort bien organisée par le CIVA.

 

S’il est vrai que deux manifestations valent mieux qu’une, je ne vois cependant pas ce que la seconde apporte de fondamentalement différent à la première. Cibler uniquement les professionnels pour agir sur la notoriété de l’Alsace viticole est très insuffisant et ce n’est pas quelques repas organisés même dans les meilleurs restaurants avec des invités de marque qui changeront quelque chose.

 

La notoriété des Vins d’Alsace passe d’abord par sa reconnaissance au niveau régional par les locaux. Cependant aucune manifestation d'ampleur destinée au grand public et aux touristes n’est organisée que ce soit à Strasbourg ou à Colmar. Aucun lieu, ouvert au public et consacré aux Vins d’Alsace, n’existe à Strasbourg. Je ne parle même pas de la manière dont sont servis les Vins d’Alsace dans les restaurants et autres lieux touristiques, car nous sommes très loin de donner une image de marque à notre viticulture.

 

L’Alsace considère sa viticulture comme partie de son agriculture et non pas de sa culture.

 

Pourtant nous avons dans la région nombre d’historiens, de pédologues, de professionnels compétents qui sauraient en participant par des conférences à cette grande semaine annuelle consacrée aux Vins d’Alsace, nous apporter les témoignages du passé et nous faire prendre conscience de nos racines et de leurs valeurs. La restauration pourrait s’associer à ces animations en invitant des vignerons à venir présenter leurs vins dans les restaurants. Enfin une grande exposition servirait de support à toutes ces animations.

 

Il y a assez de compétences en Alsace pour organiser tout cela, le CIVA pourrait très bien s’en charger. Et si la Tribu des Gourmets veut apporter son aide, elle sera bienvenue si elle prend une autre forme que la promotion du vin chaud.

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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 19:09

 

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Lézard de l'Altenberg de Wolxheim

 

 

Une fois la première série de terroirs délimitée et le décret paru, la même commission de délimitation se remit au travail pour examiner 25 nouveaux dossiers. La même procédure de travail fût appliquée et le 17 décembre 1992 un nouveau décret relatif à l’appellation contrôlée Alsace Grand Cru fut publié.

 

Dans le Bas-Rhin, neuf nouveaux lieux-dits sont maintenant classés au rang de Grand Cru. Il s’agit de l’Altenberg de Wolxheim, du Bruderthal, de l’Engelberg, du Frankstein, du Muenchberg, du Praelatenberg, du Steinklotz, du Winzenberg et du Zotzenberg.

 

Dans le Haut-Rhin, ce sont seize nouveaux lieux-dits qui accèdent à la même classification : le Florimont, le Froehn, le Furstentum, le Mambourg, le Mandelberg, le Marckrain, l’Ollwiller , l’Osterberg, le Pfersigberg, le Schoenenbourg, le Sporen, le Steingrubler, le Steinert, le Vorbourg, le Wineck-Schlossberg et le Zinnkoepfle.

 

A compter de cette date l’Alsace compte 50 Grands Crus délimités sur 46 communes viticoles dans le cadre d’une appellation d’origine contrôlée : 14 dans le Bas-Rhin et 36 dans le Haut-Rhin.

 

Le décret réaffirme l’obligation qui veut que les vins soient issus exclusivement des cépages Riesling, Gewurztraminer, Pinot Gris et Muscat. Les rendements restent fixés à 70 hectolitres à l’hectare avec un plafond limite de classement de 20%.

 

Le titre alcoométrique naturel moyen minimum prévu par le décret de 1975 est modifié. Il passe de 11 à 10 pour le Riesling et le Muscat et de 11 à 12 pour le Gewurztraminer et le Pinot Gris. La richesse en sucre s’en trouve consécutivement modifiée pour devenir de 153 grammes pour le Riesling et le Muscat et de 187 grammes pour le Gewurztraminer et le Pinot Gris.

 

Les autres dispositions concernant la déclaration préalable de récolte, les conditions d’étiquetages, de dégustation préalable à la mise en marché sont confirmées.

 

Les articles 10 et 11 qui précèdent le dernier article clôturant de façon réglementaire le décret sont toutefois à souligner.

 

Il est ainsi noté que “Toute modification des conditions de production et de l’aire délimitée de l’appellation d’origine contrôlée Alsace Grand Cru est faite sur proposition du comité régional d’experts des vins d’Alsace et selon la procédure prévue par le décret loi du 30 juillet 1935“. Par cette phrase, le Comité Régional d’Experts tient à réaffirmer son rôle déterminant dans l’évolution de la législation viticole alsacienne.

 

L’article 11 abroge quant à lui le décret du 20 novembre 1975. La conséquence directe est qu’il n’est alors plus possible d’utiliser l’expression Grand Cru comme cela avait été précédemment autorisé et usité pendant la période qui va de 1976 à la parution du présent décret en 1992, pour des vins ne répondant qu’à des critères de richesse de moûts, comme cela avait été prévu dans l’ordonnance de 1945 puis modifié ensuite dans le décret de 1971.

 

Tous les dossiers présentés ne seront pas retenus. Le cas de la Harth de Colmar est à ce titre exemplaire. En 1985, le syndicat viticole de Colmar par la voix de Robert KARCHER son président, demande le classement en Grand Cru de 300 hectares du vignoble de la Harth. Toutes les démarches ont été réalisées et une dégustation préliminaire par une commission a déjà eu lieu. Cependant cette dernière émet des réserves quant à l’importance de la surface à classer. Le syndicat justifie sa demande en soulignant « que cette surface est une entité géographique, géologique et climatique indissociable ». Deux ans plus tard, devant les réticences de l’INAO, la demande ne porte plus que sur 102 hectares. Ce dossier sera finalement sans suite.

 

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 14:47

 

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Afin d’éviter les écueils rencontrés lors de la délimitation du Schlossberg qui fut réalisée postérieurement à la parution du décret de 1975, l’INAO nomme début 1980 une commission d’enquête. Son rôle est d’examiner, d’instruire sur le terrain et de rédiger un rapport à l’attention du Comité National de l’INAO afin de préciser ce que doit être l’Appellation d’Origine Contrôlée Alsace Grand Cru. D’autre part, cette commission est chargée d’étudier les dossiers qui lui seront soumis par les syndicats viticoles pour l’accession au classement en Grand Cru de leurs terroirs. Le décret ne sera publié qu’ultérieurement une fois les délimitations effectuées par une seconde commission dite de délimitation. La commission d’enquête est présidée par Monsieur DUCELLIER, Président du négoce Champenois. Elle se compose de Messieurs CHIRON, Président des producteurs du Muscadet, ROUZAUD et COSTES, représentants du négoce Bordelais. Comme il est d’usage aucun membre de la région demanderesse ne fait partie de la commission.

 

Jeune ingénieur tout juste nommé à la direction régionale de l’INAO de Colmar le 17 mars 1980, Jean-Louis VEZIEN ne dispose que de quinze jours de formation à Paris et à Villefranche-sur-Saône avant d’accueillir la commission dite DUCELLIER du nom de son président.

 

Immédiatement la commission d’enquête met en évidence l’anomalie qui était apparue lors des travaux de délimitation du Schlossberg, en faisant remarquer qu’il n’était pas normal d’avoir fait le distinguo entre le Grand Cru anonyme largement délimité et le Grand Cru lieu-dit trop restrictif.

 

Sa position est tout d’abord de définir ce qu’est un Grand Cru. S’appuyant sur le fait qu’un cru est un lieu-dit qui, s’il est qualifié de grand, possède nécessairement une notoriété et donc un nom, la commission exclut d’emblée la notion de Grand Cru anonyme. Cependant, la décision a été prise de ne pas s’en tenir aux lieux-dits cadastrés, mais d’accepter le principe d’une délimitation confiée à des experts en mesure de dire que si l’on a une notoriété établie à partir d’un lieu-dit cadastré, l’usage peut autoriser que le nom de ce lieu-dit soit applicable à une zone plus étendue si toutefois on respecte les conditions établies par la commission.

 

Il sera nécessaire de tenir compte du facteur géologique discriminant pour éviter qu’un lieu-dit ne soit complètement hétérogène au niveau de son sol.

 

Il faudra également que l’on considère l’homogénéité climatique du lieu même si l’on sait qu’il n’en existe pas obligatoirement une entre les bas et les hauts de coteaux.

 

En ce qui concerne les expositions, on éliminera celles qui tournent trop vers l’Ouest et on privilégiera les expositions Est, Sud-est et Sud.

 

La commission DUCELLIER s’est également retrouvée confrontée au problème des homonymies. Dans le cas des nombreux Altenberg et Kirchberg, il a été décidé d’adjoindre le nom des communes afin de les différencier. Il y avait également deux Eichberg, celui d’Eguisheim et celui de Turkheim que la Maison DOPFF et aussi quelques autres avaient pour habitude de commercialiser sous le nom d’Eichberg de Turkheim. Dans ce cas, la commission a élargi la délimitation du Brand en réunissant les deux lieux-dits qui possédaient en commun l’unité géologique et l’exposition pour ne faire qu’un seul Grand Cru appelé Brand. Dans le cas des deux Schlossberg, il a été décidé d’adjoindre Wineck, du nom du château de Katzenthal ce qui a donné Wineck-Schlossberg pour le différencier de celui de Kientzheim.

 

Il y eu également débat sur les cépages car le décret de 1975 avait décidé de ne retenir que le Riesling, le Gewurztraminer, le Pinot Gris et le Muscat. Cependant il y avait des demandes particulières comme celles du Zotzenberg qui souhaitait pouvoir disposer du Sylvaner ou encore du Sonnenglanz qui demandait le Pinot Blanc. Confrontée à ces demandes d’exception, la commission n’a pas souhaité répondre favorablement afin de ne pas briser dans l’œuf la dynamique de la nouvelle AOC. D’autre part, elle avait évoqué la nécessité de trouver la meilleure adéquation entre les terroirs et les cépages et de ce fait, que chaque Grand Cru se spécialise sur un cépage. Cette option ne fût cependant ni retenue ni imposée car à l’époque il y avait très peu de Muscat et de Pinot Gris sur les terroirs considérés et la commission craignait que ce choix cornélien n’entraîne la disparition de fait de ces deux cépages.

 

En résumé, la commission refusait l’exception, laissait le choix entre les 4 cépages tout en souhaitant à terme une spécialisation qui permette de gagner en lisibilité et aussi en puissance en disposant d’un volume significatif issu d’une adéquation entre le cépage et le terroir car à l’époque il n’était alors pas question d’assemblage.

 

La commission Ducellier a finalement retenu 24 dossiers en examinant les aspects historiques, les usages commerciaux et la qualité des vins. Les quelques dossiers refusés l’on été la plupart du temps pour insuffisance d’usages.

 

A l’issue des travaux de la commission d’étude il a ensuite été nommée une commission de délimitation dans laquelle l’INAO a souhaité que siègent des membres extérieurs à la région afin d’éviter les discussions sans fin qui avaient eu lieu lors de la délimitation du Schlossberg cinq ans auparavant.

 

Présidée par Fernand ORTLIEB, la commission de délimitation est composée de deux experts extérieurs, Noël LENEUF, professeur de géologie à l’Université de Dijon, et Michel FEUILLAT, professeur d’œnologie dans la même université. Les membres régionaux sont Bruno SORG, François MUHLBERGER, Charles KUEHN, ancien professeur du Lycée agricole de Barr et Jean-Paul RITZENTHALER qui a ensuite pris la succession de Fernand ORTLIEB quand celui-ci se retira à la suite de problèmes de santé. Jean-Louis VEZIEN en qualité de Directeur régional de l’INAO assurait le secrétariat.

 

C’est à ce dernier que revient le travail préparatoire de délimitation. Son action est saluée par tous et particulièrement par François MUHLBERGER qui souligne volontiers l’excellence des travaux qui ont été menés par le secrétaire de la commission.

 

Jean-Louis VEZIEN déclare avec malice “ Une délimitation ce n’est pas de la science, c’est plutôt un art parce qu’il faut arriver à intégrer les facteurs naturels et les facteurs humains. Il faut savoir par exemple qu’il peut exister ici ou là des terroirs très moyens qui ont acquis une grande réputation alors qu’à l’inverse, certains grands terroirs qui n’ont pas été révélés par la main de l’homme sont restés inconnus“

 

Pour chacun des terroirs à délimiter la méthodologie sera la même. Dans un premier temps, Jean-Louis VEZIEN se déplace sur site pour y rencontrer le président du syndicat viticole local qui soumet ses propositions en termes de délimitation. Le projet est examiné, voire corrigé avant d’être remis à la commission de délimitation qui se déplace à son tour in situ, mais sans la présence d’aucun représentant du syndicat viticole local. Elle peut ainsi décider hors de toute pression si le dossier est acceptable ou s’il doit être modifié.

 

On constate cependant que peu de dossiers ont posé de réels problèmes de délimitation. Certains étaient d’une évidence parfaite, d’autres plus délicats, la difficulté principale résidant surtout à savoir quand arrêter la délimitation lorsque que l’on est en présence d’un coteau qui tourne de manière progressive en l’absence de toute marque particulière, sentier, rupture de pente ou talweg.

 

Bien entendu les délimitations sont toujours discutables, cependant elles ont été faites avec la logique qui est de dire que l’on allait pas atomiser le vignoble en 500 lieux-dits Grands Crus, mais plutôt respecter cette notion d’homogénéité pour aller vers l’idée d’unités cohérentes. Aussi quand l’on regarde ces délimitations, on remarque que c’est toujours le terrain qui a été le juge de paix car il y a des terroirs qui sont très grands et d’autres très petits.

 

Comme le veut la procédure INAO, les projets de délimitation ont ensuite été mis à l’enquête publique dans les mairies des communes concernées afin de permettre à ceux qui le souhaitaient de déposer réclamation. Une fois les requêtes examinées, refusées ou acceptées, l’INAO a déposé les projets définitifs.

 

Près de quatre ans après le début des travaux de la commission DUCELLIER, le décret du 23 novembre 1983 relatif à l’appellation d’origine contrôlée Alsace Grand Cru ajoute 24 lieux-dits Grand Cru au Schlossberg déjà consacré en 1975. La liste comprend maintenant les terroirs suivant : Altenberg de Bergbieten, Altenberg de Bergheim, Brand, Eichberg, Geisberg, Gloeckenberg, Goldert, Hatschbourg, Hengst, Kanzlerberg, Kastelberg, Kessler, Kirchberg de Barr, Kirchberg de Ribeauvillé, Kitterlé, Moenchberg, Ollwiller, Rangen, Rosacker, Saering, Schlossberg, Sommerberg, Sonnenglanz, Spiegel et Wiebelsberg.

 

Les conditions de production établies dans le décret de 1975 restent applicables tant en matière d’encépagement, d’enrichissement des moûts, de rendement que de contrôle avant la mise en marché et d’étiquetage.

 

En janvier 1984, un groupe de 18 vignerons fonde l’Association de Défense des Grands Crus d’Alsace dont Jean-Michel DEISS est le secrétaire et Léonard HUMBRECHT le Président. L’association se fixe comme objectif la délimitation de nouveaux lieux-dits ainsi que la promotion de l’image et de la notoriété de ces crus.

 

En novembre 1985, le Comité National de l’INAO donne un avis favorable à la reconnaissance en Appellation Alsace Grand Cru pour 22 nouveaux lieux-dits sur les 77 nouvelles propositions faites à la commission d’enquête. Dans l’attente de la parution du décret relatif à leur reconnaissance officielle et à leur délimitation, ces derniers, sous réserve de respect des règles de production de l’AOC Grand Cru, peuvent utiliser le nom du lieu-dit suivi de l’expression Grand Cru.

 

 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 09:45

 

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Une commission de délimitation est alors nommée par l’INAO. Elle est présidée par Jean HUGEL, vigneron et négociant à Riquewihr. Fernand ORTLIEB, Directeur de l’Ecole d’Agriculture de Rouffach, Emile HERTZOG, Président de la Direction Départementale de l’Agriculture du Haut-Rhin, Robert MAROCKE, Géologue à l’INRA, François MUHLBERGER, Président de la sous-région AVA de Molsheim et Pierre GRESSER, Directeur de la Coopérative de Bennwihr en sont membres.

 

Les premiers travaux de délimitation débutent sur la base de ceux réalisés dans les années 30 par M. RIEDER, le périmètre proposé ayant toutefois été réduit par le syndicat viticole des communes de Kaysersberg et de Kientzheim par rapport au tracé initial. Immédiatement apparaissent des divergences entre les membres de la commission et leur président quant à l’interprétation du texte du décret, car ce dernier souhaite établir un distinguo entre une délimitation très restrictive du lieu-dit Grand Cru Schlossberg accompagnée  d’un projet beaucoup plus étendu de délimitation d’une zone Grand Cru anonyme sur les communes de Kaysersberg et de Kientzhzeim.

 

S’appuyant sur la notion de noyau d’élite théorisée par Georges KUHNHOLTZ-LORDAT et une lecture très personnelle du texte de loi, Jean HUGEL induit ainsi une dichotomie qui conduit à la cohabitation entre deux notions de Grand Cru. Cette approche qui l’amène à agrandir le périmètre de la zone Grand Cru proposé par le syndicat viticole, en y ajoutant des parcelles situées entre la route et le chemin qui parcourt le bas de l’actuel Grand Cru, ne convient pas à l’INAO qui rejette les premiers travaux.

 

Une vive discussion s’engage alors entre le président et les membres de la commission sur le nombre de micas des différents granits qui constituent le coteau du Schlossberg. Cette polémique sera vite tranchée par le spécialiste Robert MAROCKE et Jean HUGEL ne pourra alors plus continuer à faire valoir ses positions. Il remettra finalement à l’INAO une proposition de délimitation du Grand Cru Schlossberg qui correspond à l’actuel tracé.

 

Les plans établissant le projet de délimitation de production de l’AOC Alsace Grand Cru Schlossberg seront déposés pour mise à l’enquête à la mairie de Kientzheim le 1er août 1977. Une période réglementaire de deux mois permettra à ceux qui le souhaitent d’adresser leurs réclamations à l’INAO avant que le tracé ne soit définitivement arrêté.

 

Contrairement à ce qui a pu être et est encore raconté, l'INAO n'a jamais retiré sa confiance à la commission qui avait été nommée et tout particulièrement aux locaux qui la constituaient. La meilleure preuve est que certains ont même été reconduits dans la commission chargée de la délimitation des deux séries de Grands Crus qui ont suivi. Ainsi, la commission de délimitation a bien effectué sa mission jusqu'au bout.

 

La douloureuse délimitation du Grand Cru Schlossberg constitue la première étape d’un processus qui se poursuivra par la délimitation de 2 séries de terroirs en 1983 puis en 1992 avant d’y ajouter en janvier 2007 le 51ème et actuellement dernier terroir bénéficiant de l’AOC Alsace Grand Cru : le Kaefferkopf.

 

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