Frantisek ZVARDON
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Domaine Albert SELTZ
www.albert-seltz.fr
Bernard WEINZORN
135, rue des Trois Epis
68230 NIEDERMORSCHWIHR
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Bruno SCHUELLER
1, rue des Trois Châteaux
68420 HUSSEREN LES CHATEAUX
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Invitée par la Paroisse Protestante de Mittelbergheim, Isabelle BIANQUIS, Professeur d'Anthropologie à l'Université de Tours, est de retour en Alsace près de 25 ans après avoir publié aux Editions Gérard KLOPP sa thèse intitulée "De l'Homme au Vin".
Etudiante en ethnologie à Strasbourg elle avait alors interrogé plus de 50 vignerons majoritairement haut-rhinois afin de reconstituer à travers leurs paroles la symbolique du vin en Alsace.
Mais avant d'entrer dans la symbolique, il lui a fallu rassembler les informations et trouver la logique qui sous tend les pratiques quotidiennes. Lorsqu'elle commence sa recherche, Isabelle BIANQUIS ne possède aucune connaissance du monde du vin ni de celui de la viticulture, aussi c'est avec un regard neuf et sans à priori qu'elle s'est plongée dans ce monde d'hommes et de traditions.
Au terme de sa recherche, elle découpe le calendrier viticole en 2 cycles : Celui de la vigne et celui du vin.
Le cycle de la vigne est en relation avec la naissance de l'homme. Paradoxalement ce n'est pas le moment de la plantation, situé entre le 10 avril et le 10 mai, qui en constitue le début. Le cycle de la vigne commence le 2 février, date du début de la taille, pour se terminer le 1 novembre, date à laquelle il faut avoir impérativement terminé de mettre le vin en cuve.
Cette période longue de 9 mois est marquée par la double intervention de l'homme et de la femme, dans un rôle actif pour l'homme et passif pour la femme.
Le 2 février commence la taille. Cette date correspond dans le calendrier populaire à la fin des veillées, à la clôture du cycle hivernal et au début de la période de carnaval. Dans le calendrier religieux c'est aussi le jour de la purification de la Vierge Marie. C'est le jour où l'on raccompagne les morts, après la période hivernale, dans leur domaine afin qu'ils contribuent au renouvellement de la terre.
Par la taille, l'homme aide la plante à profiter des forces de la terre pour renouveler son cycle. La femme lie les sarments en fagots. L'acte de nouer est lié à la nidation pour retenir la vie.
Le 24 juin est la seconde date importante du cycle de la vigne. C'est la date de la floraison, elle marque la seconde entrée de la femme dans la vigne qui vient pour une fois de plus nouer les sarments sur l'échalas. C'est elle qui s'occupe de l'embryon de raisin dans un rôle de réceptacle et de mère.
Cette date se situe au juste milieu d'un cycle placé sous le signe de l'eau et du soleil.
Les vendanges, 100 jours après la fleur, clôturent le cycle de la vigne mère. Par le foulage, le raisin est mis à mort. Cette petite mort est nécessaire dans ce processus de mutation qui va se terminer par une renaissance.
Le cycle du vin, cycle divin, se déroule du 2 novembre au 1 février. La fermentation entamée en tout début de cycle doit impérativement se terminer avant la Saint Martin, date à laquelle on doit pouvoir bonder le tonneau. Cette période tumultueuse, restée longtemps incomprise avant que Pasteur n'en explique le processus, est en lien avec la conception alchimique qui considère que "pour créer un nouvel ordre, il faut retourner à l'origine puis répéter la cosmogonie".
"Dans ce contexte alchimique, la fermentation se situe au seuil du commencement d'une autre vie supérieure."
La cave est un domaine souterrain où œuvre l'homme. La femme n'a rien à y faire surtout si elle est en situation d'impureté.
Quarante quatre jours après la Saint Martin, le vin est tiré.
Si cette symbolique n'est plus aujourd'hui d'actualité, il subsiste tout de même des éléments qui, malgré le temps et l'évolution des méthodes culturales et de vinification, perdurent.
Isabelle BIANQUIS a conquis par sa gentillesse et la clarté de son propos mais aussi en répondant à des questions des plus pointues posées par des auditeurs attentifs. La discussion s'est ensuite poursuivie autour de quelques vins encore en fermentation chez Jean-Pierre RIETSCH.
Actuellement, Isabelle BIANQUIS termine la rédaction d'un ouvrage qui sera publié prochainement avec pour sujet les alcools de laits de vache et de jument fermentés en Mongolie.
Pendant que treize millions de téléspectateurs se trouvaient devant leur petit écran pour suive France Italie, nous étions réunis à Westhoffen chez Etienne LOEW pour passer en revue quelques Riesling de la Couronne d'Or. Cependant, grâce aux progrès de l'Internet mobile, nous avons été tenu informé en temps réel du déroulement du match.
Pour ma part, je ne sais si c'est en raison de l'amertume d'une défaite bien vite annoncée, mais j'ai trouvé que les vins, que je connaissais bien pour la plus part, se goûtaient mal ce soir là, avec des d'expressions bien plus crispées que d'habitude.
Le millésime 2005 avait été retenu pour décliner terroirs et Grands Crus. La dégustation ne se voulait pas exhaustive et une seconde séance serait nécessaire pour aller au fond des choses et découvrir plus en détails les terroirs de Wolxheim et de Marlenheim qui étaient peu représentés.
Beaucoup des vignerons dont les vins ont été goûtés étaient présents, ce qui a permis de confirmer mais aussi parfois d'infirmer les analyses qui ont été avancées par les dégustateurs.
D'abord les terroirs avec le Glinzberg de Bergbieten, décliné vertical, charnu et minéral chez Schmitt, intense au nez comme en bouche avec des notes de thé, de la densité et de la précision chez Anstotz.
Steinacker de Traenheim qui fait le succès et la notoriété de Jean-Jacques Muller avec un nez croustillant une acidité gastronomique longue et massive. Vendangé très mûr ce vin qui n'a pas fait de fermentation malolacique possède une belle vivacité.
Westerweingarten d'Anstotz issu d'un terroir de marnes blanches, tout en ampleur et en gras.
Avant de passer aux grands crus, un Sussenberg, dont on dit qu'il serait la plus belle partie de l'Engelberg, de chez Bechtold. Une matière riche qui fait penser à un sirop de rhubarbe et une structure encore dissociée ou les 25 grammes de sucres résiduels demandent encore à s'intégrer. Un vin que Jean-Marie n'envisage pas de mettre sur le marché avant quelques années.
Beaucoup de cohérence dans les Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten. Que ce soit chez Schmitt, Mochel ou Loew, les méthodes culturales sont très proches et les vins possèdent un profil aromatique commun et des structures acides identiques qui tracent le terroir.
Le Mochel-Lorenz est élégant, tout en dentelle et pierreux, sans prétention mais parfaitement cohérent, le Loew plus puissant avec de la précision et une belle acidité citronnée. Plus acidulé, plus vif également, le Schmitt s'exprime dans un registre aromatique proche des 2 cuvées de Frédéric Mochel dont la célèbre cuvée Henriette qui malgré sa surmaturité conserve fraîcheur et vivacité.
Engelberg
Plus de différences pour les Riesling du Grand Cru Engelberg. De la salinité et quelques terpènes mais une impression de manque de complexité et d'évolution avancée chez Heckmann, il faudrait un second flacon pour être sûr de la bonne forme de cette bouteille. Comme toujours une structure trés serrée (SO2 ?) chez Pfister, mais aussi des tannins un peu durs, un léger manque de précision et une touche de sucres résiduels. Plus de puissance et d'ampleur comme d'habitude chez Bechtold, avec un nez étonnement exubérant et aussi quelques sucres mais qui cette fois s'effacent devant la salinité finale.
Le seul Riesling issu de l'Altenberg de Woxlheim provenait le la Cave Dagobert, sans défaut, il manquait seulement de personnalité. Il aurait fallu disposer de celui de Lissner et de quelques autres de ses collègues de Wolxheim pour se forger une opinion plus précise de ce terroir.
Un seul Riesling également pour le Grand Cru Steinklotz, de chez Romain Fritsch à Marlenheim. Fraîcheur juvénile, tramé serrée fine acidité typique des terroirs calcaires et salinité finale.
Charles Brand nous avait offert 3 Kefferberg des millésimes 2003, 2002 et 1996 que nous avons bu avec le casse croûte préparé par Etienne. Des vins très droits, purs et subtils qui conservent beaucoup de fraîcheur même dans des millésimes solaires et vieillissent bien.
C'est un personnage incontournable du paysage viticole alsacien, unanimement reconnu et apprécié, un des meilleurs dégustateurs de la place et fin connaisseur du vignoble : Jean-Michel SPEICH, oenologue conseil à la Chambre d'Agriculture du Bas Rhin.
Réservé, pondéré, avec son éternel sourire accroché derrière sa moustache, il est très écouté et respecté par l'ensemble de la filière qui sait ce que l'Alsace lui doit depuis 25 ans qu'il officie dans la région.
Nous avons passé l'après midi ensemble à parler du vin et de la vigne :
Peux-tu tout d'abord expliquer où nous nous trouvons et quelle est ta fonction ?
Nous sommes ici dans une antenne décentralisée de la Chambre d'Agriculture du Bas Rhin qui s'appelle l'ADAR du Vignoble. Nous sommes une équipe de quatre personnes que je pilote et qui est composée de trois œnologues et d'une technicienne de laboratoire. Nous avons un rôle de conseil pour l'œnologie et la viticulture auprès de nos adhérents de l'Association de Développement Agricole et Rural ainsi qu'un rôle de formation auprès de divers organismes.
Ce qui nous différencie fondamentalement des autres laboratoires, c'est que notre conseil est neutre puisque nous ne vendons pas de produits. Nous n'avons pas d'objectif de chiffre d'affaires et cela nous permet de faire du conseil en toute liberté. Lorsque nous préconisons l'usage de produits, nos adhérents les achètent dans les laboratoires privés ou dans les coopératives agricoles.
Les laboratoires privés ont un rôle ambigu dans la mesure où ils sont prescripteurs et vendeurs. Médecins et pharmaciens en même temps. Mes collègues œnologues privés ne font pas payer le conseil, ils se rémunèrent sur les ventes de produits.
Ici nous sommes financés par des fonds publics, nos adhérents payent une cotisation annuelle de 62 € qui leurs ouvre notre prestation de conseil. Seules les analyses de vins sont facturées.
Je travaille pour la Chambre d'Agriculture d'Alsace depuis 25 ans en Alsace après avoir été œnologue en Champagne et dans le Midi.
Qui sont tes clients ?
Ce sont les 400 vignerons et producteurs de raisins adhérents de l'ADAR. Les vignerons manipulants sont une minorité car il y a de plus en plus de viticulteurs qui produisent des raisins pour les vendre à de grosses structures. Chaque année il y a des vignerons qui cessent leur activité de vinification et de mise en bouteille, soit pour des problèmes de succession, soit parce qu'ils ne souhaitent plus ou ne se sentent plus capable de commercialiser leur production et préfèrent se consacrer uniquement à la production de raisins.
Comment analyses tu l'évolution depuis 25 ans du vignoble alsacien ?
Tout d'abord, la taille des exploitations a significativement augmenté puisque un grand nombre d'opérateurs ont cessé leur activité. Il y a 25 ans la moyenne des exploitations se situait autour de 5 hectares alors qu'aujourd'hui elle est plus proche de 10 hectares. Et cette tendance devrait continuer à s'accentuer.
Pendant de nombreuses années la rentabilité à l'hectare était bonne sans avoir à se poser trop de questions, mais aujourd'hui il faut savoir valoriser qualitativement sa production pour s'en sortir.
La qualité des vins a fait de nets progrès grâce à une meilleure maîtrise du travail de la vigne. A mes débuts, des rendements de 120 à 130 hectolitres par hectare n'étaient pas rares, aujourd'hui nous sommes heureusement revenu aux environs de 80 hectolitres par hectare pour l'AOC Alsace et beaucoup moins en AOC Grand Cru.
La meilleure maîtrise de la date des vendanges a également largement contribué à l'amélioration de la qualité des vins. Avant il y avait une date d'ouverture et en une semaine tout était fait. Maintenant tout est plus raisonné en raison de l'arrivée du Crémant, des Grands Crus, des vendanges tardives qui ont obligés les vignerons à plus de réflexion et les vendanges s'étalent maintenant sur un mois et même quelques fois plus.
En cave, l'évolution technique a été énorme. Tout d'abord avec l'arrivée des pressoirs pneumatiques, puis avec l'amélioration de la qualité des débourbages et également avec la maîtrise des températures.
Maintenant, tous les vignerons de la nouvelle génération ont fait des études de viticulture et possèdent même parfois un diplôme d'œnologue. L'apport de la formation est fondamental.
Les biotechnologies sont arrivées, comme le levurage, l'enzimage et les fermentations malolactiques sont aussi maintenant mieux maîtrisées.
A propos des fermentations malolactiques, il me semble qu'il y a quelques années elles étaient rares alors que maintenant elles ont tendance à se généraliser ou tout du moins à ne plus être redoutées par beaucoup de vignerons.
D'une part aujourd'hui on analyse plus et de ce fait on se rend compte du déclenchement des "malos", mais avant les vins étaient aussi plus acides avec des PH plus bas parce que les raisins étaient vendangés moins mûrs. Et comme les bactéries lactiques se développent mal dans des milieux trop acides les "malos" avaient du mal à se déclencher.
Mais pour revenir à ta question précédente, je dirais que les vignerons qui restent sont maintenant plus techniques, plus ambitieux et plus conscients des enjeux ce qui fait que le niveau global a nettement évolué dans le bon sens.
Quel est pour toi le rôle de l'œnologue ?
Ici nous ne souhaitons pas être directifs car ce sont avant tout les vignerons qui font leurs vins. Notre rôle est d'accompagner sans imposer. Nous sommes sur une tendance minimaliste quand aux interventions. Certains ont besoin d'être rassurés alors on vient en appui mais notre philosophie est de laisser les vignerons apporter leur personnalité.
Les œnologues sont-ils très influents en Alsace ?
Les structures importantes qui font le gros des volumes ont toutes un œnologue chargé de la vinification. Les vins sont devenus plus techniques avec parfois des abus et des interventions trop systématiques sans réflexion préalable. Et ce côté systématique me gène.
Chez les petits manipulants, l'ambiguïté de l'œnologie alsacienne vient du fait qu'elle se paye sur les ventes de produits et non sur le conseil comme c'est le cas dans la région bordelaise. C'est pour ça qu'à Bordeaux ils n'hésitent pas à afficher le nom de l'œnologue qui intervient chez eux.
Que penses-tu de la viticulture bio ?
Nous avons créé ici, il y a quelques 15 ans, l'association TYFLO qui est un concept de production raisonnée avec un cahier de charges agréé et contrôlé par un organisme indépendant. A peu près la moitié des premiers adhérents sont maintenant passés en bio. Nous sommes totalement en phase avec cette conception de la viticulture.
Imagines-tu que le bio devienne la norme dans quelques années ?
Peut-être dans 20 ans, à moins d'un décret, mais la base n'est pas encore prête. Techniquement c'est possible, mais économiquement il y a un surcoût en raison surtout du travail du sol. Il faut également être capable de bien gérer les fongicides que sont le soufre et le cuivre.
Les vins issus d'une agriculture bio sont-ils meilleurs ?
Mon expérience actuelle ne me permet pas de le dire.
Et la minéralité ?
C'est le concept à la mode. Longtemps on a parlé sur le Riesling de "goût de pétrole" puis ensuite de "goût de fossile" pour arriver maintenant au terme de minéral. Avec l'arrivée des Grands Crus il a fallu caractériser les arômes des terroirs, ce qui n'est pas simple. On s'est alors beaucoup appuyé sur l'analyse de la structure, de l'acidité et la salinité qui est une émanation de la minéralité et qui caractérise les terroirs.
Le sans soufre ?
Fort heureusement les doses de SO2 total on tendance à baisser. La norme maximale autorisée se situe à 210 grammes pour les vins secs mais beaucoup de vignerons réduisent ces doses de moitié et même plus par une bonne qualité de la vendange et une bonne hygiène lors de la vinification.
Notre objectif est bien entendu de faire baisser les quantités de SO2 utilisées en raisonnant mieux son usage.
Le sans soufre est difficile à manier. Les vins sans soufre sont marginaux et déroutants car différents du référentiel classique ce qui est intellectuellement difficile pour beaucoup. Le côté oxydatif, les arômes plus lourds changent le profil. Mais je comprends que l'on ait envie s'affranchir du style classique et d'essayer de faire sans. C'est un travail très exigeant.
Que penses-tu de la nouvelle réforme de l'AOC ?
C'est une excellente réforme qui va responsabiliser l'ensemble de la filière, producteurs de raisins compris alors qu'ils étaient exclus jusqu'à présent de ce processus.
D'autre part, mettre une limite aux sucres résiduels dans les Riesling est également une chose intéressante. Le problème vient du fait qu'au départ on n'a pas fixé de limite dans le décret de l'AOC. Quand j'achète un Meursault je suis certain de trouver un vin sec puisque le décret de l'AOC a fixé une limite aux sucres résiduels. Il s'est produit ces dernières années une dérive qui a abouti à produire des vins que l'on chaptalise et auxquels on laisse des sucres résiduels ce qui n'est pas acceptable.
Une partie de ton activité consiste à former les professionnels à la dégustation.
Il est essentiel de former les professionnels à la dégustation, cela participe à l'amélioration du niveau des vins. C'est un point fondamental auquel j'attache beaucoup d'importance.
Au labo quand nous recevons des vins ils sont systématiquement goûtés par tous avant d'être analysés. Tout passe par l'analyse gustative pour pouvoir faire le lien avec l'analyse chimique.
Avec Jean SCHAETZEL nous avons mis au point un programme de formation en 3 niveaux et avons formé depuis quelques années un grand nombre de vignerons à la dégustation.
Pour terminer, je voulais te faire goûter un vin, mais tu imagines bien que je n'ai pas choisi un style très "classique", j'aimerais avoir ton avis.
Je sers à l'aveugle un verre à Jean-Michel, voici son commentaire :
La robe est ambrée, le nez marqué par des arômes lourds, évolués et confits de mandarine et de rancio qui sont les signes d'un élevage oxydatif.
La bouche est sèche dans le bon sens du terme, sans lourdeur et sans agressivité pour le palais. Le vin possède une belle enveloppe, des tannins, il est solide parfaitement structuré avec beaucoup de tenue et de persistance. Beaucoup de fruit en bouche et une finale aérienne qui fait que l'on a envie d'en boire. L'ensemble est parfaitement digeste sans sensation alcooleuse.
A l'aération le nez s'ouvrira ensuite sur des arômes complexes de tabac de cigare et aussi de fruit.
Je découvre alors la bouteille : Alternative Zellberg 1998 du Domaine Julien MEYER à Nothalten.
Un assemblage de Pinot Gris et de Sylvaner élevé sous voile pendant 3ans et qui possède une fraîcheur exemplaire. A réserver cependant aux dégustateurs capables d'un minimum d'ouverture d'esprit.
Je remercie Jean-Michel pour le temps qu'il m'a consacré et souhaite que cette rencontre se poursuive par une prochaine sortie ensemble sur le terrain cette fois là.
Andlau Riesling 2007 Kreydenweiss : Mis en bouteille il y a seulement 2 jours, le vin se montre vertical, parfaitement sec et bien structuré autour d'une acidité citronnée. Stabilisé avec très peu de SO2, il possède de l'ampleur et beaucoup de tenue en bouche.
Bourgogne blanc
Pernand Vergelesses Premier Cru Clos Berthet 2005 Dubreuil et Fontaine : Olfaction marquée par un fin boisé. La bouche est peu aromatique avec surtout des notes de caramel, de moka et de bois. Le vin manque de puissance et son acidité est limite mûre.
Pernand Vergelesses Premier Cru Sous Frétille 2006 Rapet : La bouche fruitée et dense possède un joli grain. Des notes de vanille et de boisé se fondent dans la finesse du Chardonnay. L'équilibre est assez réussi même si la finale se révèle légèrement chaleureuse.
Pouilly Vinzelles Les Quarts 2006 Domaine de la Soufrandière : Une riche maturité, des notes épicées et une large structure qui ne manque pas de finesse ni de minéralité. Le travail réalisé dans les vignes apporte à ce vin de vraies notes de terroir. Fin de bouche agréable sur de jolis amers.
Corton Charlemagne Grand Cru 2001 Nudant : Agréable olfaction accompagnée de notes de citron confit. Malheureusement la bouche est construite sur le bois et une puissance mal maîtrisée. La finale est brûlante et la fin de bouche aqueuse.
Meursault Premier Cru Perrières 1999 Pierre Morey : Légère réduction qui disparaît à l'aération. On découvre ensuite une bouche superbe qui ne manque ni de gras ni de claquant. Le vin est très droit, la finale caillouteuse et saline fait saliver.
Puligny Montrachet Premier Cru Clavoillon 1994 Domaine Leflaive : Bouchonnée
Puligny Montrachet Premier Cru Champ Canet 1992 Jean Marc Boilot : Du menthol, de la gentiane, olfaction distinguée qui mêle de nombreux arômes. Très gros volume en bouche mais toujours avec de l'élégance et de belles amertumes en finale. Une très belle bouteille.
Intermède
Pinot Gris Clos Rebberg 2004 Domaine Kreydenweiss : La robe est dense et ambrée, la bouche bien fondue, large et détendue avec des notes de mirabelle et de coing. Un beau grain, une acidité perçante et longue qui fait saliver. Un Pinot Gris qui n'a pas été sulfité à la mise et qui réjouit par son naturel.
Chateauneuf du Pape
Chateauneuf du Pape 2005 Clos du Mont Olivet (15 €) : Le nez s'exprime par des notes de cerise et même de cerise à l'eau de vie. L'attaque est puissante, la bouche grossière et alcooleuse et le vin finit sur l'alcool et l'amertume.
Chateauneuf du Pape 2005 Domaine Font de Michelle (21 €) : Une belle qualité de tannins et une certaine fraîcheur qui apporte un peu de nerf au vin. On reste tout de même dans le registre d'une grande puissance.
Chateauneuf du Pape Vieilles Vignes 2004 Domaine de Villeneuve (27 €) : Des notes de cassis et une esthétique qualifiée de "nouveau monde" par certains, technologique par d'autres. La bouche est astringente, chaude et le fruité coupe court. De la puissance sans longueur.
Chateauneuf du Pape 2004 Domaine Pierre André (20 €) : Le nez est fin sans notes compotées comme les précédents. Belle structure aérienne qui allie la finesse et la puissance même si la finale reste chaleureuse. La vinification en vendange entière contribue certainement à la fraîcheur et le travail en biodynamie dans la vigne apporte le minéral qui allège le vin.
Chateauneuf du Pape 2005 Mont Thabor (15 €) : L'attaque est fraîche mais le vin termine asséchant, astringent et dur.
Chateauneuf du Pape Chaupin 2006 Domaine de la Janasse (38 €) : On sent tout de suite la bête à concours. Entre le bois, l'hyper-extraction et la finale sucrailleuse, la bouche du dégustateur est anesthésiée. Il faut être un critique américain pour pouvoir goûter, éventuellement boire, ce genre de vin.
Chateauneuf du Pape Les Cailloux 2005 Vignoble Lucien et André Brunel (19,50 €) : Avec un peu de volatile, des notes de sueur et de suie, on change du registre aromatique habituel. La bouche est fine, fraîche, avec une belle qualité de tannins et un côté viandé très agréable.
Pour se remettre
KA 2006 Domaine Kreydenweiss Costières de Nimes : On est d'abord surpris par l'extrême fraîcheur et la fluidité du vin. Enfin un Chateauneuf "à boire" ?
Non, simplement la nouvelle cuvée de vieux Carignan du Domaine Kreydenweiss en Costières de Nimes. Pour moitié réalisée en macération carbonique, cette cuvée regorge de fruit et de minéral.
Tout juste débutées, les vignes du Clos des Frères sortent du repos hivernal. Les fleurs printanières égayent l'inter-rang et le soleil du matin réchauffe la rude pente calcaro-gréseuse. Il ne faudra pas attendre bien longtemps avant de devoir ébourgeonner car la vigne pousse à vue d'œil.
Au Domaine, Etienne me fait découvrir son nouveau millésime maintenant en bouteille. Et comme je m'y attendais pour l'avoir suivi en quelques occasions, il réserve de très belles surprises. Profitant en 2007 de vendanges choisies et non subies comme l'année précédente, toutes les cuvées classiques du Domaine ont été produites. Les vins sont très ouverts et se goûtent bien.
Quelques nouveautés sont à signaler comme cette première cuvée de Riesling Ostenberg ainsi que l'apparition sur chaque bouteille d'une contre étiquette qui affiche entre autre un indice de sucrosité fort utile pour le consommateur.
La plupart des vins gagnent en définition et en grain comme par exemple le Sylvaner Westhoffen (5,50 €) aux arômes floraux et la bouche puissante et bien structurée qui constitue une entrée de gamme de très haut niveau. Vinifié en sec comme en 2003, Vérité de Sylvaner (8,50 €) possède une arrière bouche balsamique avec de beaux amers et une olfaction sur des notes de foin. Tout en rondeur, Racine de Sylvaner (11,00 €) reste malgré tout d'une aimable fraîcheur grâce à un équilibre bien mesuré.
Pas moins de 5 Riesling sont à la carte, tous sont parfaitement typés. Citronné, sec, droit et pierreux comme à son habitude pour le Muschelkalck (7,50 €), ou bien plus en amplitude avec une structure acide qui arrive seulement en finale comme le Bruderbach Clos des Frères (8,50 €). Le Suessenberg (10,00 €) est viril, massif, large, parfaitement sec et doté d'un beau gras.
Riesling Ostenberg (10,00 €), le petit nouveau enveloppé d'une légère rondeur et dont l'acidité puissante marque et étire une finale encore un peu brouillonne. Ce terroir bien exposé qui domine Westhoffen et possède une géologie faite de calcaires Oolitiques et de Muschelkalck est à suivre avec attention car le travail dans la vigne lui apportera sans aucun doute un surcroît de fond et de minéralité.
Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten (12,00 €) à l'olfaction distinguée qui mêle les arômes de fleurs et les senteurs fruitées. La structure finement ciselée et la salinité finale donnent à ce vin un côté cristallin et en font incontestablement une des plus belles réussites du millésime.
Floral et épicé, le Muscat les Marnes Vertes (8,20 €) est moins explosif que d'habitude mais sa persistance est remarquable. Pourtant récolté en tout début de vendanges, il a surpris par son potentiel élevé.
Le Pinot Gris Grand Cru Engelberg (13,00 €), qui sera comme les autres Grands Crus commercialisé sous réserve d'agrément courant juillet, en est à son troisième millésime depuis la reprise de la parcelle. On mesure avec satisfaction la nette progression de cette cuvée qui cette année est tout simplement remarquable. Derrière une légère réduction on trouve un vin droit, parfaitement sec avec une charpente massive, pierreuse et une véritable tension (pas celle apportée par du SO2).
Des 3 Gewurztraminer, le Westhoffen (8,00 €) est actuellement le plus expressif. Aérien avec des notes florales il se termine par une finale persistante et sans sucrosité. Le Cormier (9,00 €) issu de marnes noires, possède un caractère qui conjugue les épices et la puissance, il lui faudra quelques années pour que son sucre s'intègre. Quand au Grand Cru Altenberg de Bergbieten (12,50 €), avec sa large stature et son expression toute en retenue et en précision, il gagnera à être attendu pour mieux se révéler.
Le Riesling Sélection de Grains Nobles Grand Cru Altenberg 2006 (32,00 € les 50 cl) sera disponible en juillet. Il présente actuellement des notes miellées et de cire d'abeille. Sa bouche est d'une grande douceur avec des arômes de fruits secs et d'agrumes confits. Une acidité puissante et parfaitement intégrée équilibre parfaitement les 100 grammes de sucre résiduel.
Actuellement le Domaine a entrepris de grands travaux côté cave afin d'agrandir l'espace de vinification et d'élevage. Début septembre tout devra être prêt pour recevoir le nouveau millésime. Une cave à barrique permettra de reprendre les vinifications sous bois qui ont été suspendues cette dernière année.
Après mûre réflexion, Etienne vient également de se décider à travailler selon les principes de la biodynamie et un dynamiseur tout neuf trônait, le jour de mon passage, dans un coin de la cour. Nul doute que cette voie lui permettra de continuer à progresser encore.
C'est dans le cadre de leur 5ème rendez-vous annuel que les vignerons bio d'Alsace ont invité Michel CHAPOUTIER à parler de ses recherches dans le domaine des contenants destinés à la fermentation des vins.
Pendant plus d'une heure, cet autodidacte, vigneron en bio-dynamie à Tain, a expliqué devant un auditoire attentif les motivations et les réflexions qui ont guidé ses travaux.
Je souhaite avoir résumé sa pensée et ses paroles sans les déformer.
La fermentation est un chaos.
"En vinification, l'art du vigneron c'est de venir interrompre une phase naturelle de décomposition, de retour du végétal vers le minéral pendant la fermentation alcoolique, et de s'extraire de ce chaos en redonnant une dimension de vie."
L'inertie thermique.
"Je suis obsédé par l'inertie thermique. L'inertie thermique est intéressante pour des macérations prolongées car, quand la fermentation continue, la densité baisse et si on attend comme nous 3 ou 4 semaines pendant les fermentations des rouges, les tannins instables reviennent vers la pellicule qui a une densite supérieure au liquide par le principe de l' osmose. On aura ainsi fait une sélection naturelle entre les tannins primaires et les tannins secondaires. L'inertie thermique est très intéressante pour cette macération prolongée."
Sur quels matériaux travailler ?
"Le métal, je n'aime pas à cause des phénomènes d'induction électromagnétique et électrostatique."
"Le bois, pourquoi pas ?
Il possède une bonne inertie thermique."
"Le ciment est intéressant, pour son inertie thermique, à condition qu'il soit déshabillé de tout élément métallique. Son intérêt réside dans le fait que l'on peut travailler sur une logique calcaire-silice, planète interne-planète externe."
"Pour aller plus loin, on a le même mariage calcaire-silice dans la céramique. Comme on a la chance de disposer près de Tain d'un site de production de kaolin et d'une usine de céramique qui possède des fours capables de cuire de très grandes cuves, mon choix s'est porté sur ce matériau."
Formes et ondes de forme.
"La cuve béton est cube,.la cuve inox comme la cuve bois est cylindre."
"Le fût est un œuf, mais un oeuf horizontal. Le fût est plutôt destiné à la post fermentation."
"Steiner s'est intéressé aux ondes de formes, une de ses phrases m'avait interpellé : Qu'on puisse élaborer des formes qui sont vues de manière purement intérieure, indépendantes des formes externes, m'emplit d'un sentiment profond de contentement."
"J'avais rencontré un chercheur canadien qui était aussi un client et m'avait parlé des dômes des mosquées. Le choix de leur forme ne tenait pas du hasard mais avait pour but d'emprisonner les ondes cosmiques et ainsi de maintien le froid à l'intérieur de la moquée."
Ondes cosmiques et telluriques
"Les ondes cosmiques sont extrêmement courtes. On est dans des proportions atomiques. Plus la longueur est courte, plus l'onde est pénétrante, plus la fréquence augmente et donc plus l'oscillation devient énergétique."
"Les ondes telluriques ont un effet dynamo et un effet induction. Ce sont des quantités énormes qui vont remonter dans le sol à travers des failles. De tous temps, on a tenu compte des points forts et des points faibles pour construire les pyramides, les cathédrales."
Le nombre d'or
"Le nombre d'or est un nombre clé. Le nombre d'or est le correcteur le plus puissant, il prend le dessus sur la forme."
Choix de la forme.
"Le carré symbolise le matériel, le cercle symbolise la fertilité et le spirituel. "
"La pyramide est contradictoire par sa forme avec le principe de la chaotisation de la fermentation car elle possède des propriétés qui tendent à conserver des aliments qui sont placés en son centre."
"L'œuf c'est le passage de la matière vers la vie. On va travailler sur l'œuf pour s'extraire du chaos qui est la régression du monde végétal vers le monde minéral. L'œuf a un rayonnement énergétique ovoïde, l'énergie la plus intense étant diffusée par la pointe. La position de l'œuf devrait être verticale."
Importance de l'emplacement de la cuve et de l'environnement.
"Pour bénéficier des ondes cosmiques et des ondes telluriques, il faut choisir l'emplacement en évitant les nœuds. Ne pas se couper des forces telluriques par un socle de béton trop épais qui possède des capacités isolantes comme dans la cave de Romanin."
"Eviter les pollutions électromagnétiques en travaillant avec du 12 volts et non du 220 volts."
Taille des cuves
"Les premiers essais ont été menés avec des cuves d'une capacité de 8 hectos. C'est insuffisant parce que chaque levure indigène a besoin de s'exprimer et d'apporter sa signature aromatique."
"Pour avoir la prétention de faire des grands rouges de garde, il faut travailler sur des températures de fermentation qui dépassent les 30°. Pour cela, un volume d'environ 40 hectos est nécessaire, ce qui n'a pas encore été fait."
Quel apport pour le vin ?
"Plus on amène de la puissance de vie, plus on amène de l'ésotérisme gustatif. On améliore la digestibilité, on a besoin de doses de SO2 inférieures. Par contre, on est sur des vins qui n'ont pas un discours baroque. On est plus dans la finesse, plus dans l'équilibre et la discrétion. Les vins sont moins disco."
Sur le vin en général
"Beaucoup de vins sont issus d'une grande œnologie et d'une agronomie pitoyable. L'œnologue prend trop d'importance."
Michel Chapoutier et l'Alsace
Michel Chapoutier confirme qu'il est en voie de finaliser l'achat de vignes en Alsace. Il s'agit d'une parcelle de plus de 5 hectares située à Reichsfeld sur le Schiefferberg, un coteau dont le sol est constitué de schistes de Villé.