750 grammes
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26 décembre 2008 5 26 /12 /décembre /2008 12:43



Domaine Pierre FRICK : 20 ans !




Quatre vins avec pour points communs le millésime, et surtout toujours bien présent, un esprit qui guide le vigneron dans son travail.


Pinot Noir 1988 : La robe est claire, brillante sans marque d'évolution; l'olfaction réservée avec des notes florales et fruitées. En bouche on est frappé par la finesse des tannins et le développement sphérique du vin. De la puissance et de la persistance sans pour cela avoir recours à une extraction forcenée. Seulement l'esprit de la matière.


Chasselas 1988: C'est un grand classique du Domaine que Jean-Pierre propose toujours en début de dégustation pour étalonner le palais. Après 20 ans aucune trace de fatigue, une olfaction fruitée accompagnée de notes fermentaires qui s'ouvre sur des arômes de mirabelle avec l'aération. La bouche est fraîche et délicate, courte certes, mais la tenue de ce vin de cépage est surprenante.


Pinot Blanc "Eudémis" 1988: Beaucoup de présence sans arômes exacerbés. Le nez est fondu, fruité avec des notes de gentiane. En bouche l'attaque est massive, vive avec beaucoup de fond, de verticalité et de puissance. L'acidité bien mûre arrive en finale et tire le vin. La présence du terroir est indéniable dans la construction de cet Auxerrois baptisé Eudémis pour se souvenir  que ce ver de grappe s'invita dans ce millésime.


Gewurztraminer 1988: Une bouche épicée, un vin qui finit sec, sans lourdeur mais avec tout de même un côté monolitique. On identifie immédiatement le cépage vinifié en sec comme il était d'usage il y a quelques années.


Quatre vins qui résument parfaitement l'esprit du Domaine. Rien de démonstratif, seulement l'essentiel, l'essence du vin, sans concession aux modes actuelles qui flattent le consommataeur en simplifiant et en exacerbant la palette aromatique pour rendre l'approche plus abordable.

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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 08:20



Maenfred KREYDENWEISS




Maenfred nous a quitté hier. Je n'ai pas les mots pour dire ma peine.

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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 14:56
Pfaffenheim, le 17 novembre 2008


LES  VENDANGES  2008  SONT  ACHEVEES...

 



Répondant à l'invitation de Chantal et de Jean-Pierre je me suis rendu à Pfaffenheim lundi dernier, pour passer comme toujours un agréable moment de dégustation et de partage qui rend chaque visite inoubliable.


Dégustation de la cave, du millésime 2006, de quelques 2007, le tout après une belle série de 1988.


Un seul article ne suffisant pas, c'est donc en 2 parties que je résumerai cette belle journée en laissant tout d'abord à Chantal et à Jean-Pierre le soin de nous parler du millésime 2008.


"17 novembre, les derniers raisins ont été récoltés par un bel été indien il y a à peine 5 jours, des Riesling rosis par l'alternance du soleil et de quelques averses d'arrière saison. Avec 13 % potentiel et l'entrée dans une cave où la tempête fermentaire de la période centrale des vendanges s'est calmée depuis quelques temps, ce jus récolté très froid est réchauffé un peu pour dynamiser les levures indigènes, qui s'abandonneraient sinon à une léthargie hivernale.


Ce Riesling du terroir Morgenbrunn, Fontaine du Levant, clôture les belles vendanges 2008. Le mois d'octobre, béni des dieux, a transformé cette année l'essai un peu manqué des mois août et septembre, trop frais et ombragés. Dans nos parcelles un grand tournant de maturité, brunissement des pépins, fluidité de la chair des grains de raisins, s'est opéré vers le 10 octobre et le cœur des vendanges s'est donc déplacé au 18 octobre.


Patience et confiance, après le dur travail de la saison estivale. La précipitation laisserait un goût d'insatisfaction et d'inachèvement. Au contraire, nous avons attendu chaque parcelle, et d'ailleurs nos petites capacités de pressurage nous enlèveraient toute tentation de bâcler cette période cruciale de la cueillette des raisins.

 

18 coupeurs et 2 porteurs de hotte égaient les vignes pendant 4 semaines,  en triant souvent au pied de vigne avec deux seaux. Le brassage des origines et des générations, le travail partagé et les déjeuners pris ensemble au milieu des vignes tissent un vécu culturel essentiel pour nous . Pourtant la rencontre de vendangeurs devient rare  dans le vignoble, avec la suprématie croissante de la machine à vendanger.


Eh oui, 550 euros de coût de récolte à l'hectare en récolte mécanique, alors que la cueillette manuelle s'évalue à 2200 euros par hectare. Si la production de vins n'est qu'un gagne-pain, le calcul économique  laisse bien sûr peu de chance à la vendange manuelle.


Ajoutez à cela que la motivation pour la cueillette manuelle n'est plus si répandue par les temps qui courent. Alors ?... Nous continuerons à faire toucher et cueillir nos raisins par des mains humaines, dans une ambiance gaie et chaleureuse. Cela aussi le vin le porte en lui, pour faire du bien au dégustateur.

 

Nous sommes des artisans-vignerons, et cette petite communication, nous l'écrivons entre deux nettoyages de foudres, après des soutirages, et avant de reprendre les densités des jus en fermentation. Ce sont des journées cruciales où il faut déguster journellement les cuvées et prendre des décisions rapides.


Lorsque la fermentation d'un vin ralentit, la question se pose de l'équilibre final entre alcool, fraîcheur et sucre résiduel. Faut-il le préparer à passer l'hiver et à reprendre la fermentation au printemps ou l'été suivant. Ou bien l'équilibre  est-il satisfaisant pour l'avenir du vin, auquel cas le soutirage s'impose. Si un goût de lies apparaît dans une cuvée, est-il acceptable durant quelques jours, ou bien faut-il aérer le vin au risque de le fatiguer.


L'un ou l'autre de ces choix se pose pour les 30 cuvées récoltées en 2008. Ce sont des « petits enfants » à surveiller, parce que les erreurs de jugement dans cette phase ne se réparent pas, lorsqu'on renonce à toutes les corrections et tous les additifs mis à disposition par la pharmacopée oenologique. Si nous prenons la mauvaise décision, il faudra faire avec. C'est un travail de funambule sans filet.


 

Le millésime 2008 a confié à notre surveillance des cuvées aux rythmes très divers. Beaucoup d'entre elles ont achevé leur première phase avant l'élevage.  En revanche les derniers jus récoltés cherchent encore leur orientation.


 

Certaines cuvées ont eu une fermentation au pas de course, menée  jusqu'aux derniers grammes de sucre : Sylvaner classique, avec sa fraîcheur bien mûre et sa bouche finement herbacée - Chasselas souple et effervescent - Muscat classique, pressenti pour un élevage sans soufre - Riesling Bihl tranchant et minéral - Riesling Krottenfues aux  saveurs de noix de coco.

 


D'autres cuvées, aux jus plus concentrés, ont suspendu leur course avec un peu de douceur en fin de bouche : environ 10 g de sucre résiduel :   Pinot Auxerrois Krottenfuess au palais encore resserré, Pinot Blanc Hohlweg très fragile à l'aération, Riesling Rot Murlé encore troublé par les lies.

 


Plusieurs vins riches touchent à leur aboutissement avec une finale qui restera moelleuse : Pinot Gris Rot Murlé en recherche de finesse,  Gewurztraminer Morgenbrunn au palais fin de fruits exotiques - Sylvaner Bergweingarten exubérant au nez et au palais - Riesling Grand Cru Vorbourg  au palais encore épais.

 


Les Pinot Noirs ont été récoltés bien mûrs par tri, égrappés à 60 ou  70 % et encuvés 10 jours pour la macération. Le Pinot Noir classique, souple et frais, sera peut-être élevé sans soufre - le Pinot Noir Strangenberg se trouble et demande le soutirage - le Pinot Noir Rot Murlé, déjà soutiré, exhale la cerise et l'encens - le Pinot Noir Terrasses, soutiré également,  reste sur la réserve comme un vin de garde.

 


Le millésime 2008 a offert également une belle moisson de Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles, grâce à un  travail de tri à la vigne. Elles arrivent peu à peu au bout de leur long périple fermentaire : Muscat et Gewurztraminer Grand Cru Steinert,  Gewurztraminer Grand Cru Eichberg, Pinot Gris Grand Cru Vorbourg, Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles (22 % potentiels) et  Pinot Gris Sélection de Grains Nobles (19 % potentiels).

   
      

Cette récolte est une  chance renouvelée d'accompagner la naissance de jeunes vins. Chacun d'eux représente une  œuvre d'art unique. Ceci les différencie des vins figés et reproductibles, « fabriqués » et arrangés avec les artifices œnologiques. Nos vins  de 2008 seront porteurs  de messages particuliers pour le dégustateur, s'il sait écouter ses sens et s'ouvrir aux énergies subtiles."

 


Chantal et Jean-Pierre Frick


Site Internet 

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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 10:57

Mittelbergheim, le 20 octobre 2008

 

 

Le Brandluft de Mittelbergheim

 

 

 

 

Par une journée aussi fraîche qu'ensoleillée, le Domaine RIETSCH de Mittelbergheim vendange son Riesling Brandluft. Situé entre le Zotzenberg et le Wiebelsberg, ce terroir exposé Sud Est est constitué de calcaires et de grès. La vidéo est prise sur la partie basse de la parcelle, tout près de la route viticole qui relie Mittelbergheim à Andlau.

 

 

Cette matinée est parfaitement représentative du climat des vendanges 2008 qui se sont déroulées entre les mois d'octobre et de novembre pour les plus tardives. La belle arrière saison, lumineuse mais plutôt frisquette a permis aux raisins de mûrir lentement sans pour cela atteindre des stades élevés de maturité . De beaux vins secs en devenir dont il sera possible de juger la qualité le week end du 6 et 7 décembre prochain puisque le Domaine organise ces jours là ses traditionnelles Portes Ouvertes.

 

 

Comme chaque année, des expositions d'artistes et bien entendu la dégustation des vins en cours d'élevage, de toute la gamme 2007 et de vieux millésimes. Voir le programme.

 

 

Si vous passez par là n'hésitez pas à me faire signe oenophil@orange.fr , je serai présent sur place tout le week-end.

 

 

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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 11:24

Kientzheim, le 17 novembre 2008



Grands Crus d'Alsace 2008

 


La Salle du haut

 

La traditionnelle présentation des Grands Crus d'Alsace s'est tenue le dimanche 16 et le lundi 17 novembre 2008.

 

Toujours parfaitement organisée par le Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace, cette manifestation a pour objectif, chaque année au mois de novembre, de présenter le dernier millésime mis en bouteille. Cette année un effort particulier a été fait dans la signalétique des vignerons et des vins présentés ainsi que dans la mise en page du livret de dégustation remis à chaque visiteur.

 


Marc TEMPE

 

C'est un millémine 2007 de grande qualité qui est à l'honneur, même si les 70 exposants présents ont également offert à la dégustation des millésimes plus anciens comme un Riesling Kirchberg 1976 proposé par le Domaine Louis SIPP de Ribeauvillé..

 

47 des Grands Crus d'Alsace étaient représentés dans les 3 salles du Château de la Confrérie Saint-Etienne de Kientzheim.


Rémy GRESSER

 

Le lundi est la journée réservée aux professionnels aussi on y croisait de nombreux restaurateurs, cavistes, oenologues, journalistes et représentants de la filière vin.

 

L'ambiance particulièrement conviviale et détendue permet de nombreux échanges avec les vignerons présents.

 


Samuel TOTTOLI de la Maison Kuentz-Bas

 

 

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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 20:00
Bruxelles, le 15 novembre 2008


Cantillon
"Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui"




A tous ceux qui comme moi ont cru un jour qu'ils n'aimaient pas la bière, je n'ai qu'un seul conseil : Goûtez la Cantillon. De passage à Bruxelles j'en ai profité pour rendre visite à cette brasserie située au cœur de la ville, près de la Gare du Midi.

 

 

Chaque année la Brasserie Cantillon produit 1000 hectolitres de Bière en utilisant toujours du matériel datant du 19ème siècle, c'est la dernière représentante de l'artisanat brassicole bruxellois.


Le brassage s'effectue après concassage de 450 kg de  froment et  de 850 kg d'orge malté qui sont ensuite mélangés à de l'eau chaude amenée progressivement à 72°. C'est cette opération qui va transformer les amidons des grains en sucres fermentescibles et en dextrines.


Après décantation on obtient un moût qui est recueilli dans un bac reverdoir puis pompé dans les cuves de cuisson. Dix mille litres d'eau sont nécessaires pour extraire tous les sucres de céréales.





Les cuves d'ébullition en cuivre rouge sont traversées de serpentins dans lesquels circule la vapeur d'eau. Les 3 à 4 heures d'ébullition vont provoquer une stérilisation et une évaporation qui va réduire le volume du moût de 2500 litres et concentrer les sucres.


Le houblon, environ 20 kg est ajouté avant l'ébullition. Les 7500 litres de moût restant sont ensuite refroidis à environ 20° dans une cuve de faible profondeur mais de grande surface. Un tel refroidissement ne s'obtient qu'en saison froide ce qui impose un brassage situé entre le mois d'octobre et le mois de mars.


Les micro-organismes responsable de la fermentation spontanée à cuve ouverte sont issus de plus de 100 souches différentes de levures. Ce sont les bactéries lactiques qui vont former l'acidité du Lambic.






Dans le monde du brassage, il existe 3 types de fermentation qui permettent d'obtenir des types de bières différents :


La fermentation basse où le moût bouillant est refroidi aussi vite que possible et où les contacts avec l'air ambiant sont limités au possible. Une fois refroidi le moût est ensemencé avec des levures dites basses parce qu'elles tombent au fond de la cuve de fermentation.


Pour la fermentation haute, le type de refroidissement et d'ensemencement est le même mais le moût fermente à 15 à 20° et les levures remontent avec les mousses pendant la fermentation, ce qui donne à la bière un fort bouquet.


Ces types de bières sont mis rapidement sur le marché, ce sont les Pils ou Pression pour les basses, Trappistes, Abbayes ou Blanches pour les hautes.


Pour les bières de fermentation spontanée, comme c'est le cas chez Cantillon, le moût n'est pas additionné de levures. Il se charge au contact de l'air des ferments sauvages responsables de la fermentation. Le Lambic est la seule bière au monde à se ranger dans cette catégorie.





Le moût est ensuite acheminé du bac refroidissoir jusqu'aux barriques en bois de chêne ou de châtaigner. La fermentation spontanée débute après quelques jours. Au début violente, elle interdit de fermer les tonneaux et une mousse blanchâtre est évacuée par le trou de bonde. La perte est de 5 à 10 litres par tonneau.


Trois à 4 semaines plus tard commence la fermentation lente. Le fût est alors hermétiquement fermé. Cette fermentation va durer 3 ans, sans ouillage, pendant lesquels les sucres seront transformés. Un voile de levures se formera pour isoler le Lambic de l'air ambiant.


Le Lambic peut se consommer après quelques semaines, mais c'est avec l'age qu'il va gagner en acidité.


Pour élaborer la Gueuze, le brasseur va mélanger des Lambics d'un, deux ou trois ans, les plus jeunes apportant les sucres nécessaires à la refermentation en bouteille  Celles-ci étant obturées par un bouchon de liège recouvert d'une capsule. Les bouteilles sont entreposées pendant au moins 6 mois avant commercialisation, le temps que le gaz carbonique sature le liquide. Le Lambic quitte alors son état de non moussant pour devenir pétillant. La Gueuze est née.


Depuis 1999, la Brasserie Cantillon élabore sa production à partir de céréales issues de l'agriculture biologique.





Dix cuvées sont disponibles :


Gueuze : Mélange de Lambics de 1, 2 et 3 ans, champagnisés en bouteille. C'est le grand classique de la maison avec une matière dense, une acidité large, puissante et mûre et une fraîcheur inégalable.


Kriek : Lambic de 5 à 6 mois macéré avec des cerises du Nord. Cette cuvée champagnisée possède de très belles aigreurs apportées par le fruit.


Rosé de Gambrinus : Idem que la Kriek, les cerises étant remplacées par des framboises.


Vigneronne : Assemblage de Lambic et de raisins Muscat.


Saint Lamvinus : Assemblage de Lambic et de raisins noirs de la région de Bordeaux.


Fou'Foune : Assemblage de Lambic et d'abricots Bergeron.


Grand Cru Bruoscella : Lambic de 3 ans sélectionné pour la qualité de sa robe et de ses arômes. Bière sans champagnisation.


Iris : Composé uniquement de malt de type pale-ale qui apporte une couleur plus ambrée. Une bière au goût complexe.


Faro : Lambic additionné de caramel et de sucre Candi. Cette bière adoucie ne se conserve que 3 à 4 semaines car l'apport de sucre provoque une macération qui peut faire exploser les bouteilles.


Lou Pépé : Ces cuvées sont élaborées à partir de Lambic sélectionnés qui sont additionnés de cerises et de framboises. La refermentation en bouteille est obtenue par ajout de sucre de canne et non par ajout de jeune Lambic.




Une phrase écrite à la craie sur un panneau dans la cave, résume parfaitement l'esprit de la maison : 


" Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui"

 

Puisse t'elle inspirer les vignerons dans leur travail.



CANTILLON
Rue Gheude 56
1070 BRUXELLES
www.cantillon.be


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12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 09:35
Andlau, le 5 novembre 2008


Domaine KREYDENWEISS : Millésime 2007


Antoine KREYDENWEISS


C'est son second millésime vinifié seul au Domaine, Antoine le fait découvrir à son équipe à laquelle je me suis joint. Les mises sont récentes et il nous fait remarquer qu'après cette opération, les profils aromatiques complexes développés pendant l'élevage se trouvent restreints avec certains arômes exacerbés alors que d'autres ont disparu. Pas d'inquiétude toutefois, il en est ainsi chaque année.


Plus précis aromatiquement que 2006, le millésime 2007 a été récolté à une parfaite maturité pour aboutir à des vins secs. Antoine en a profité pour reconsidérer sa méthode de sulfitage et réduire le dosage en SO2 de ses vins qui se situe cette année entre 40 et 50 de total pour environ 10 de libre.


Les mises ont été effectuées en septembre, seul le Wiebelsberg est toujours en foudre où il poursuit son élevage.


La gamme de vins reste toujours compacte et avec cette année une nouvelle cuvée baptisée "La Fontaine aux Enfants". Issue du lieu dit Gebreit, petit plateau granitique derrière le sommet du Kastelberg, cet assemblage de Pinot Blanc et d'Auxerrois est déjà très ouvert avec un fruité extraverti et entêtant de pêche et de mirabelle, sans lourdeur toutefois. La filtration très légère a laissé beaucoup de gras et d'ampleur à ce vin qui se place sur un tout autre registre que le traditionnel Kritt Pinot Blanc plus classique, plus droit et plus friand. Tous les deux sont parfaitement secs.


Andlau Riesling droit comme un I, tout est déjà en place, le vin est complet, tendu sans rien de variétal. La bouche est sèveuse, gourmande, dense, parfaitement juste.


Vendangé début novembre complètement sain, le Riesling du Clos Rebberg demandera pour sa part un peu plus de temps. Son acidité parfaitement mûre trace le vin et laisse une belle empreinte en bouche. Plus concentré que le 2005, ce vin possède une profondeur, une densité et une tenue qui s'appuie actuellement sur des notes d'abricots secs et de miel.


Zéro sucre et 12,7° d'alcool pour le Val D'Eléon, assemblage pour moitié de Pinot Gris et de Riesling. Cette cuvée demande souvent plusieurs années pour s'harmoniser, mais ce dernier millésime se goûte mieux en prime jeunesse. On y retrouve le fumé habituel, les notes camphrées et l'acidité un peu mordante qui se fondra bientôt dans la matière. Actuellement c'est le millésime 2005 qui est en vente au Domaine.


Emouvant Kastelberg Riesling à l'olfaction virile de sueur et de coquille d'huître, pas aguicheuse pour un sou, mais tellement envoûtante. La surprise vient de la structure en bouche, sphérique, ample avec des qualités éthériques qui illuminent le haut du palais et apportent une émotion et un plaisir rare. Le Kastelberg nous prend à contre-pied alors qu'on l'attendait vertical, il conserve toutefois sa salinité légendaire et son acidité précise et fondue. Syntaxe parfaite qu'il me tarde de voir évoluer.


Pinot Gris Lerchenberg plus en longueur qu'en amplitude, l'équilibre est sec avec les arômes typiques du cépage mais d'une extrême finesse. Ce vin qui a lentement fermenté jusqu'en septembre avant la mise, présente une vivacité remarquable.


Le Pinot Gris Rebberg, vendangé tard après les pluies de début novembre, en est au tout début de sa construction. Rien n'est encore en place, il sera à revoir tout comme le Pinot Gris Moenchberg qui ne sera pas en vente de sitôt. Pour ce dernier, le terroir efface totalement le cépage et les quelques 14° d'alcool passent inaperçus tellement la minéralité allège la matière.


J'ai toujours autant de plaisir à goûter les vins du Domaine car l'extrême sensibilité de l'approche des frères Kreydenweiss, tant dans la vigne que dans la cave, leur permet de produire des vins avec une vision qui ne s'arrête pas seulement à l'esthétique mais qui s'inscrit dans la délivrance d'un message plus profond.


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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 05:03
Strasbourg, le 03 novembre 2008


Millésime 2008 : 3 avis d'experts





Même si à ce jour tous les raisins ne sont pas encore rentrés, surtout dans la région de la Couronne d'Or, j'ai demandé à trois experts du vignoble, Eric MEISTERMANN, Arnaud IMMELE et David LEFEBVRE, de nous livrer en quelques lignes leur première analyse de ce nouveau millésime.


Eric MEISTERMANN est Directeur Régional d'ITV France Alsace, Centre Technique Interprofessionnel de la Vigne et du Vin, l'organisme chargé d’améliorer l’efficacité économique de la filière. En dehors de ses compétences techniques, c'est un fin dégustateur.



"Le millésime 2008, comme celui de 2007, est marqué par une maturation lente des raisins dans une atmosphère fraîche ce qui est favorable à la synthèse des arômes variétaux. Il suffisait de déguster les raisins pour s'en rendre compte. La fraîcheur a permis de ralentir le développement de la pourriture et de conserver de l'acidité, gage d'un bon vieillissement. Un grand millésime pour les vins de coteaux et pour ceux qui ont pris leur temps pour récolter."


Eric MEISTERMANN


Arnaud IMMELE a créé la société Œnologie Immele SA en 1988 après 10 années d'expérience du conseil œnologique en Alsace. Aujourd'hui à la tête de  trois laboratoires, c'est un expert incontestable du vignoble alsacien.


"Ce millésime un peu plus tardif que les précédents, nous a apporté des conditions de maturité  plus fraîches, ce qui se traduit par une meilleure préservation des arômes primaires de cépage. On retourne vers les fondamentaux de la typicité des vins d'Alsace qui a besoin d'une maturation lente et fraîche.


Ces conditions de maturité nous laissent aussi des niveaux d'acidité que le réchauffement climatique nous a fait oublier. Les acidités sont fortes, les plus élevées depuis le millésime 1996. Mais la composante acide est bien équilibrée avec une bonne proportion d'acide tartrique.


La charge de la vigne, régulée par une floraison un  peu laborieuse,  n'a pas été excessive, notamment pour les cépages Gewurztraminer et Riesling. Tout cela nous amène vers des vins aux arômes typés, très fins en particulier pour les pinot gris. Ces Pinot gris seront les réussites de ce millésime avec beaucoup d'élégance de fruité et une acidité gastronomique. Ils auront une excellente longévité.


J'ai aussi été séduit par l'intensité et la richesse aromatique des Gewurztraminer dont la réussite sera toutefois inégale : ils ont tendance à fermenter trop vite et les vinificateurs qui n'arriveront pas à les freiner dans la première moitié de la fermentations perdront une partie des arômes.


Nous aurons aussi des Riesling très racés et fruités . Ces vins nécessiteront un intense travail d'élevage, avec brassage fréquent des lies et microoxygénation pour apporter le plus de « gras » et de « volume » et arriver ainsi à contrebalancer l'acidité. Malgré tout, l'acidité restera excessive sur beaucoup de vins et nécessitera une correction.


Nos consommateurs actuels, stressés, carencés en calcium et magnésium, ne supportent plus les breuvages au pH trop agressif. Les vins d'Alsace tels que les appréciaient nos grands parents ne seraient pas vendables aujourd'hui :  ceux qui se souviennent d'un 1965 ou plus récemment d'un 1972 préféreront sans doute les millésimes  du réchauffement climatiques à partir du 1983.


En résume, un beau millésime, frais et fruité, avec beaucoup de finesse et une excellente longévité."


Arnaud IMMELE




David LEFEBVRE est journaliste à l'Est Agricole et Viticole. Oenologue de formation, c'est un observateur attentif du vignoble alsacien qu'il connait parfaitement.


A la vigne : des transitions phénologiques longues.


"Au niveau du climat, ce millésime n'a pas souffert de manque de pluies, pas de stress hydrique qui aurait ralenti l'alimentation minérale comme en 2003. Côté températures, le cumul en mai est l'un des plus élevé. Ce mois de mai 2008 s'est singularisé par l'élévation des températures nocturnes - et pas les diurnes - dont la somme a battu tous les records.


En mai, la vigne constitue ses tissus, c'est la phase d'élongation qui précède la différenciation. En juin et juillet, en revanche, les températures ont pu ici où là ralentir la différenciation, ce qui s'est traduit aussi par des coulures sur le muscat. Phase d'élongation favorisée et phase de différenciation perturbée et particulièrement longue ont conduit à des grappes relativement lâches, de nombreux millerands, ce qui permet encore maintenant fin octobre à de nombreuses vignes de bien résister au botrytis.


Comme la floraison, l'aoûtement et la véraison sont étalés de fin août à début septembre. Les pluies et les fraîcheurs du mois d'août favorisent l'accumulation du tartrique.


Aux vendanges, les vignes précoces se retrouvent « idéalement » réceptives au botrytis durant la première quinzaine de septembre. Cette réceptivité couplée à une météo favorable au champignon entraîne bien des soucis dans la Harth par exemple. Pour les vignes moins précoces, les Rieslings, la pleine réceptivité des raisins au botrytis arrive durant la seconde quinzaine de septembre, mais la météo est alors peu propice au champignon. Conséquence, le vignoble rentre des vendanges saines."


Au chai : De grâce conservez votre acidité !


"La minéralité est au rendez-vous même pour les vignes de sols compactés et morts. Preuve en est que les composantes gustatives - alcool, sucres, astringence - sont harmonieuses. Le pinot gris en particulier est probablement l'un des plus beaux que l'Alsace a connu depuis bien longtemps. L'acidité s'exprime parfois sévèrement. Le millésime présente la plus belle acidité de cette décennie. 


Mais déjà des vinificateurs songent à désacidifier les vins soit par la méthode dicalcic-double sels, soit par voie biologique, soit tout simplement au bicarbonate, prétextant que les vins ne seront pas marchands. Rappelons qu'en 1996, les rieslings non désacidifiés sont ensuite devenus de véritables chef-d'œuvres. Exemple le riesling Brand 1996 Zind-Humbrecht, seul trophée d'excellence en 2002 au concours Riesling du Monde.


Prions donc pour que le vignoble ne " saccage " pas son millésime au motif qu'il faut le vendre rapidement. ... Mais bon, il y a aussi la trésorerie à maintenir à flots surtout depuis que les banquiers ne prêtent plus. Mais il est clair que ceux qui ont su capitaliser avec le vent du nord à partir du 15 septembre et qui sauront capitaliser en laissant vieillir les rieslings et pinots gris, font un excellent placement, pour peu que le consommateur sache identifier les bons vins.


Pour arrondir les acides, soulignons une méthode douce qui est le bâtonnage des lies. D'une part, le gras des hétérosides compense gustativement l'acidité. D'autre part, il favoriserait mécanismes d'estérification selon la formule acide + alcool donne ester + eau. Exemple Acide coumarique + fonction alcool de l'acide tartrique donne acide coumaryltartrique + eau : ça diminue les acides phénols relativement agressifs en bouche, et ça rend moins labile les protons de l'acide, donc l'effet acide est diminué. C'est ce qui est observé empiriquement avec le bâtonnage des lies."


David LEFEBVRE




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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 19:05
Blienschwiller, le 20 octobre 2008


Claude FREYERMUTH : Courtier en vins




Courtier en vins à Blienschwiller, patrie du Grand Cru Winzenberg, Claude FREYERMUTH nous parle du courtage des vins en Alsace.


Pouvez-vous m'expliquer en quoi consiste le métier de courtier ?


Le courtier est l'intermédiaire qui met en relation les acheteurs du négoce et les vendeurs qui sont les producteurs de raisins et les vignerons.


Cela demande de bien connaître la production et les souhaits du négoce afin de sélectionner des échantillons de vins et de les proposer aux négociants en fonction de leurs besoins.


Mais notre travail ne s'arrête pas là puisque nous surveillons également le chargement du vin lors du transport afin que le lot livré soit bien celui qui a été présenté à l'acheteur.


Les courtiers effectuent également des transactions de raisins entre production et négoce pendant la période des vendanges.


Nous avons également un rôle de conseil auprès des vignerons pendant les vinifications et l'élevage.


Même s'il y a des transactions pendant toute l'année, la plus grosse période d'activité se situe à l'ouverture du marché des vins en vrac en janvier et reste très dynamique pendant les mois de février et de mars.


Comment en êtes vous venu au courtage ?


Après avoir exercé le métier de vigneron, j'ai décidé de me consacrer au courtage en 2002. Un de mes oncles exerçait la profession de négociant, il m'a encouragé à m'engager dans cette voie.


Il n'existe pas à proprement parler de formation de courtier. Il est possible d'exercer après un examen d'aptitude et un stage de 6 mois chez un confrère. Il faut cependant posséder une bonne connaissance du vin et des vinifications, ainsi que des compétences commerciales et une bonne approche relationnelle.


J'ai souhaité posséder une formation complémentaire afin d'obtenir le statut de courtier assermenté auprès de la Cour d'Appel de Colmar. A ce titre, je réalise des expertises qui me sont confiées par les tribunaux de commerce ou lors de procédures amiables.


Dans le cadre de ces prérogatives, je suis également amené à établir des attestations de prix, des cotations et à procéder à des ventes aux enchères


Comment se rémunèrent les courtiers ?


Les services du courtier sont rémunérés par le vendeur pour un tiers et par l'acheteur pour deux tiers. Le total représentant un montant d'environ 3% de la transaction.


Que pensez vous du millésime 2008 qui rentre en cave actuellement ?


Le vent du Nord, les températures plutôt fraîches du mois d'octobre avec de belles journées ensoleillées ont permis d'obtenir de justes maturités tout en préservant la qualité sanitaire des raisins. Ce millésime se caractérise par un bon équilibre entre les acidités tartriques et un joli fruit. Cependant le rendement sera certainement en deçà des quantités escomptées en raison du taux d'extraction assez faible cette année.


Passage de l'AOC en AOP, quels changements ?


Chaque transaction devra dorénavant être signalée afin que le vin puisse éventuellement être contrôlé, dans un délai de 8 jours avant le chargement.


L'ensemble de la profession est très inquiète de la libéralisation en cours car elle va très certainement tirer le niveau vers le bas en autorisant la plantation de n'importe quel cépage en n'importe quel lieu ce qui aura également pour effet de faire chuter les cours.



Comment jugez vous le niveau qualitatif global de la production alsacienne ?


Le niveau global évolue positivement même s'il reste des caves à problème. C'est notre rôle de faire comprendre à ces gens là qu'ils feraient mieux de vendre les raisins au lieu de persister à vouloir faire du vin.


Seul les vins de qualité sont valorisés auprès des acheteurs, si l'on n'est pas capable de faire un travail de vinification de bon niveau, il est préférable de s'en tenir à vendre le raisin à des structures qui sauront le vinifier


Comment est calculé le prix du raisin ?


Le prix du raisin est indexé sur les degrés potentiels.


Mais dans les années à fort botrytis les degrés montent sans pour cela que la qualité du raisin soit améliorée.


D'autre part les vignerons qui veulent s'assurer d'un rendement maximum ont souvent tendance à laisser la vigne produire plus qu'il ne faudrait, pensant ainsi se protéger contre des dégâts éventuels qui feraient chuter le rendement, quitte à ne pas vendanger la totalité de la parcelle. Ce n'est pas non plus un comportement qui vise à améliorer la qualité de la vendange.


Il n'existe pas à ce jour de système idéal pour rémunérer justement des raisins de qualité. Le suivi en amont tout au long de l'année des parcelles par les négociants acheteurs semble être la meilleure réponse pour suivre et récompenser le travail qualitatif des apporteurs de raisins.


De plus en plus de maisons de négoce mettent en place un suivi à la parcelle pour améliorer leurs apports.


Quelle est aujourd'hui l'image des courtiers en Alsace ?


Il est vrai que l'image du courtier opportuniste, juste présent pour toucher des commissions sans véritable travail de sélection, est toujours persistante. Contrairement à nos collègues bordelais bourguignons et champenois notre profession ne bénéficie pas en Alsace d'un grand prestige.


Seulement 200.000 hectolitres sont traités par les courtiers en Alsace alors qu'à Bordeaux, la quasi-totalité de la production passe par le courtage. Dans cette région le rôle du courtier est incontournable ce qui lui apporte plus de respect et de prestige.


Cependant aujourd'hui la situation en Alsace est maintenant plus saine, 20 courtiers sont encore inscrits mais seulement une dizaine sont actifs. Les exigences plus pointues du négoce nous obligent à plus de professionnalisme et c'est une très bonne chose pour la reconnaissance de notre activité.



Nota : J'invite ceux qui souhaite en savoir plus sur la profession de courtier en vins à se rendre sur le site de la Fédération Nationale des Syndicats de courtiers en vins.

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 16:27
Dahlenheim, le 26 octobre 2008


De l'Altenberg à l'Engelberg...




De l'Altenberg à l'Engelberg il n'y a qu'un pas que Bruno et Julien SCHMITT ont franchi depuis l'acquisition en début d'année de 2 parcelles de Gewurztraminer sur l'Engelberg. Il reste beaucoup de travail à faire pour tirer le meilleur parti du terroir, mais la situation est idéale dans la partie Ouest du Grand Cru.




Marc ANSTOTZ est venu en voisin et en ami pour participer à ces premières vendanges de la parcelle par son nouveau propriétaire. Vendanges qui se sont prolongées par un repas en famille sur le Mont de l'Ange.


C'est une excellente nouvelle pour l'Engelberg qu'un jeune vigneron vienne s'installer sur ce magnifique terroir. Il y rejoint Jean-Marie BECHTOLD, Etienne LOEW, Mélanie PFISTER et Maurice HECKMANN et contribuera, c'est certain, à la notoriété du cru.



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