Dans quelques jours, le Comité d'Experts des Vins d'Alsace décidera de la date des vendanges en Alsace. Voila l'occasion de revenir sur l'origine de la création de cet organisme, particularité régionale, qui a vu le jour en 1945.
Une fois l’Alsace libérée, l’administration française reprend ses droits. C’est par une série d’ordonnances que le Général De Gaulle remet dans l’urgence la France en marche. L’une d’elles concerne la viticulture alsacienne. Il s’agit de l’ordonnance N° 45-2675 du 2 novembre 1945 relative à la définition des appellations d’origine des Vins d’Alsace.
En raison du blocage des vins sans appellation, l’administration du ravitaillement ressort le projet de statut des appellations d’origine Alsace élaboré par l’AVA et présenté en 1939 au comité national de l’INAO. C’est à partir de ce document que le gouvernement provisoire va en 13 articles, définir les bases sur lesquelles le vignoble alsacien va se reconstruire.
L’Appellation d’Origine Régionale Vin d’Alsace voit le jour. Dans le premier article qui l’institue, il est immédiatement fait référence à un Comité Régional d’Experts constituant une exception dans le paysage viticole national. Pierre angulaire de l’administration du vignoble, il est nommé par arrêté du ministère de l’agriculture et reçoit pour missions :
- De délimiter, avec l’aide des syndicats locaux, l’aire de production consacrée par des usages locaux, loyaux et constants de l’appellation d’origine Alsace à l’intérieur des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Le tracé de l’aire devant ensuite être reporté sur plans cadastraux après homologation du Ministère de l’Agriculture.
- De délimiter à l’intérieur de l’aire de production, sur proposition des syndicats locaux, les appellations d’origines sous régionales, communales et locales. La procédure et les recours de ces délimitations étant à définir dans un décret à venir.
- De décider chaque année avant les vendanges des règles d’enrichissement à observer, soit en interdisant l’enrichissement, soit en l’autorisant dans la limite maxima de 2,5°.
- De fixer la date avant laquelle les vendanges ne peuvent être commencées.
Le 25 juillet 1946, par arrêté du Ministère de l’Agriculture, le Comité Régional d’Experts pour les vins d’Alsace est nommé. Il se compose de 12 propriétaires-viticulteurs, de 6 viticulteurs-négociants et de 8 conseillers techniques. Sont nommés au titre des propriétaires-viticulteurs : Joseph SALTZMANN, Charles CADE, Joseph CATTIN, Joseph DREYER, Théo FALLER, KIENTZLER pour le Haut-Rhin et de Lucien FREYERMUTH, Gilbert GERBER, Albert SELTZ, Edouard HERING, Eugène FISCHER, Alfred GRIESHABER pour le Bas-Rhin. Les viticulteurs-négociants sont Léon BEYER, René DOPFF, Frédéric TRIMBACH pour le Haut-Rhin et Frédéric BOECKEL, Emile WILM et Louis KLIPFEL pour le Bas-Rhin. Les Conseillers techniques sont Louis RIEDER, Inspecteur Général de la Répression des Fraudes à Strasbourg, L HEINRICH, Inspecteur de la Répression des Fraudes à Ammerschwihr, KELLER, répartiteur régional des Vins d’Alsace à Strasbourg, UHLEN, Directeur des Services Agricoles du Haut-Rhin à Colmar, LASNIER-LACHAISE, Directeur des Services Agricoles du Bas-Rhin, SICK, Directeur de la station de viticulture et d’œnologie de Colmar et Fernand ORTLIEB, Professeur d’Agriculture à Rouffach.
Un nouvel arrêté ministériel daté du13 septembre 1946 complétera le Comité d’Experts en la personne de Charles GROSS, Inspecteur de la Répression des Fraudes pour les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle.
Le Comité a fonctionné sous la présidence de Louis RIEDER jusqu’en 1961 puis de Louis KLIPFEL avant que Marcel BLANCK ne lui succède en 1970. Son siège s’est déplacé successivement sous les trois premières présidences de Strasbourg à Barr puis à Colmar.