Lors de la Foire aux Vins de Colmar en 1977, des membres de l’ADIVA distribuent un tract signalant que « La viticulture est gravement divisée et que les producteurs les moins favorisés sont en révolte depuis trois ans parce qu’ils sont exploités par quelques privilégiés ». Par ailleurs, l’ADIVA réclame le droit de participer à l’élaboration de la politique viticole et dénonce « les injustices et les gaspillages d’argent qui ne profitent qu’aux grands monopoles ». Ses responsables refusent l’introduction de l’Appellation d’origine Alsace Grand Cru qui « serait profitable aux responsables de l’AVA, tandis que les autres viticulteurs seraient considérés comme des producteurs de 2ème classe, bien que leurs vins soient aussi bons ». Ils critiquent également l’obligation de payer la nouvelle taxe de 2,50 Francs par hectolitre destinée à financer la propagande en faveur des vins d’Alsace qu’un arrêté interministériel autorise le CIVA a collecter.
Ce dernier point sera porté devant le tribunal administratif qui rejettera la requête de l’ADIVA en raison de son caractère tardif compte tenu du fait que l’arrêté du 25 juin 1976 avait été régulièrement publié au journal officiel le 1er juillet 1976 et « que la requérante n’établit pas qu’elle a été valablement mise hors d’état de constater la validité de ce texte dans le délais de recours contentieux »
Toutes ces démarches coûtent cher à l’ADIVA et en 1977, sur 13.000 F de cotisations il a été déboursé plus de 5.000 F en honoraires d’avocats.
L’année suivante voit l’ADIVA axer son combat sur les dégustations. Le 6 octobre 1978 à l’issue de son assemblée générale, une motion est adoptée, elle expose les revendications de ses membres qui :
- “S’opposent fermement à la création d’un nouvel organisme chargé de l’organisation de la dégustation qui engloutira inutilement des sommes énormes allant de 20 à 50 millions d’anciens Francs comme le prévoient les projets de l’AVA et du GPVA (Groupement des Producteurs Vignerons d’Alsace) ainsi qu’à l’emploi de personnes chargées de diriger cet organisme“
- “Exigent que les dégustations soient organisées de manière décentralisée et sous le contrôle de l’ensemble des producteurs“
- “Trouvent inadmissible que les dégustations soient organisées dans la perspective d’assurer une rente financière à l’AVA“
- “Demandent que soient prises en considération les propositions de l’ADIVA à savoir : dégustation par commune sur l’initiative d’un comité d’organisation indépendant des syndicats, effectuée par l’ensemble des producteurs en présence d’un agent de l’INAO ou de la répression des fraudes et que cette dégustation soit gratuite“
D’autre part, Eugène FALLER stigmatise l’arbitraire et le favoritisme qui se manifeste dans l’attribution de nouveaux droits de plantation. Il cite en exemple la commune de Bernardsviller où 4 demandes déposées par des membres de l’AVA sont satisfaites alors que dans le même temps aucune des 11 demandes déposées par les membres de l’ADIVA n’est prise en compte.
Les pressions de l’AVA sur les membres de l’ADIVA sont réelles et de nombreux vignerons conserveront pendant cette période une double casquette en cotisant à la fois à l’ADIVA par conviction tout en continuant rester membre de l’AVA afin de se prémunir des éventuelles difficultés administratives.
Il faudra attendre le mois de juin 1980, six années après sa création, pour que l’ADIVA soit enfin reconnue comme syndicat viticole représentatif aux côtés de l’AVA par un jugement du tribunal administratif de Strasbourg. Six années de lutte campées sur les mêmes positions contre la mise d’origine, contre la fiscalité galopante, contre toutes les règles qui restreignent ce que ses membres considèrent comme la liberté d’exercer leur métier de vigneron. Six années d’un combat perdu d’avance contre la modernisation en marche de la viticulture alsacienne.
Conséquence logique de sa représentativité enfin reconnue, l’ADIVA en la personne de Xavier FRICK de Pfaffenheim entre au CRINAO.
Trois ans plus tard, Eugène FALLER qui depuis quelques années recherche un successeur, trouve en Edmond HERRBRECHT celui qui poursuivra son action à la tête de l’organisation syndicale. D’un tempérament plus modéré, ce dernier continuera à mener le combat contre la toute puissante AVA. Malgré tout l’ADIVA ne parviendra pas à influencer la politique viticole de la région et la voix de ce syndicat s’éteindra peu à peu avant de presque totalement disparaître.