Au cours de l’année 1975, chaque syndicat campe sur ses positions et la tension ne fait que s’amplifier entre une ADIVA dont le nombre d’adhérents ne cesse d’augmenter et une AVA forte de son antériorité qui ne veut rien céder.
En combattant acharné, Eugène FALLER décide alors de porter le débat sur la mise d’origine sur les ondes d’Europe 1. Pour cela il fait appel à Pierre BELLEMARE qui anime chaque jour de 12 heures 30 à 13 heures une émission de débat baptisée CQFD - Ce Qu’il Fallait Démontrer. Le débat a lieu le vendredi 18 avril. D’emblée Pierre BELLEMARE souligne qu’il n’a pas été mandaté par l’ADIVA pour voler à son secours, comme cela avait été prétendu par la presse alsacienne, son souhait étant seulement de comprendre si oui ou non la mise d’origine garantissait une meilleure qualité aux vins d’Alsace.
Un représentant des négociants « de l’intérieur » fait d’abord part de sa désapprobation à l’égard de cette loi qu’il considère comme une entrave au commerce. Ensuite Marcel BLANCK défend la position de l’Association des Viticulteurs d’Alsace qui par cette loi souhaite garantir la qualité et l’image des vins d’Alsace. Il rappelle d’autre part qu’avant sa mise en application, seulement 10% des vins d’Alsace étaient mis en bouteille hors de la région d’origine et que de ce fait elle apporte satisfaction à la majorité du vignoble. Eugène FALLER conteste le pourcentage qu’il juge plus proche de 25% et fait état des difficultés actuelles de la viticulture alsacienne dont il rend la loi BOROCCO responsable.
Le représentant de l’inspection des fraudes et de la qualité ne porte pas de jugement sur l’opportunité de la loi, il se contente de souligner qu’elle a été élaborée après des échanges nourris entre le ministère de la justice et celui de l’agriculture et donc n’a pas été bâclée comme certains le prétendent.
M. HEIDT, président du groupement des producteurs-négociants du vignoble alsacien précise que contrairement à ce qui avait été avancé, ses adhérents ne détiennent pas le monopole de la mise. Il rappelle également qu’il avait été proposé une réglementation particulière aux négociants de l’ « intérieur », avant le vote de la loi et que ceux-ci n’avaient pas jugé utile de répondre à cette proposition.
L’échange entre les parties n’ayant pu être terminé dans le cadre de l’émission, la suite du débat est enregistrée dans les studios d’Europe 1 pour être diffusée le lendemain. M. GEIGER en profite pour souligner que l’ADIVA souhaite également que l’aspect qualitatif soit encadré par une dégustation qui aurait lieu après embouteillage et non avant comme le veut l’usage en cours. D’autre part, il réaffirme que la grande majorité des viticulteurs serait opposée à la loi BOROCCO et qu’ils ont été manipulés par Marcel BLANCK qui les aurait invité à manifester contre les charges fiscales tout en récupérant leur présence pour obtenir la mise d’origine.
A l’issue du débat Marcel BLANCK reconnaît qu’il ressort de cet échange quelque chose de constructif qui pourra être réutilisé à la suite de cette émission. Messieurs FALLER et GEIGER prennent date avec lui pour continuer le dialogue une fois de retour en Alsace.
Les 2 associations se retrouvent à 2 reprises le 5 mai puis le 20 mai afin de trouver un terrain d’entente. Mais Marcel BLANCK refuse de revenir sur la mise d’origine qui est le principal sujet de discorde et un constat d’échec est dressé. Le dialogue AVA-ADIVA est rompu. Eugène FALLER prend acte et déclare que dans ces conditions, l’ADIVA devra recourir à d’autres méthodes pour réussir dans son action en faveur de la vente de vins en vrac.
Il ne faudra pas attendre très longtemps pour comprendre le sens de sa remarque. Avec l’épisode qualifié par la presse locale d’ “embuscade de Soultz-Les-Bains“, l’ADIVA va continuer son combat en marquant les esprits.