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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 16:49

 

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Intolérance, imprécisions et lieux communs, Michel BETTANE s’en donne à cœur joie sur le blog de son obligé Nicolas de ROUYN. Sous le prétexte de préciser la position officielle de sa chapelle à ses paroissiens, il se livre dans un autodafé intitulé : Le vin bio de la rédemption à l’imposture.

 

Passons sur le « terrible hanneton » venu d’Amérique pour nous apporter le phylloxéra et arrêtons-nous sur la pratique de la confusion sexuelle dont M. BETTANE reproche l’usage aux vignerons Bio, sous le prétexte que la molécule des phéromones de synthèse représente un danger réel et contribue à perturber d’autres insectes dont la cicadelle.

 

Confusion sexuelle

 

La confusion sexuelle n’est pas une méthode propre à la viticulture biologique. Son usage sur des parcelles isolées n’a aucun sens et aucune efficacité. C’est pourquoi lorsqu’elle est mise en œuvre, c’est toujours par un groupe de vignerons, souvent dans le cadre d’un syndicat viticole local, dont la majorité travaille généralement en viticulture conventionnelle. Il me semble donc fallacieux d’attribuer aux vignerons bio la paternité de cette pratique qu’ils peuvent considérer selon le cas comme une contrainte ou bien un moindre mal.

 

Brettanomyces

 

Il en va de même avec les brettanomyces qui ne sont pas plus l’apanage des Bios ni des “nature” puisque même de grosses structures de vinification subissent la conséquence de leur présence. Pourtant celles-ci utilisent des doses massives de soufre du pressoir à la mise ce qui montre bien que cette problématique est bien plus complexe que M. BETTANE ne le prétend.

 

Cuivre

 

Mais venons-en au cuivre, marronnier des antis Bios, dont la molécule est autorisée en agriculture biologique mais aussi en agriculture conventionnelle. Les vignerons Bios ont pour obligation de tenir la comptabilité des apports en cuivre de chaque campagne puisque leur cahier des charges en limite l’usage. Je viens d’interroger une dizaine de vignerons Bios alsaciens afin de connaître les chiffres de ces deux dernières années et je constate pour l’année 2011 que la plupart d’entre eux est restée sous le kilo de cuivre métal par hectare, et entre 1 et 2,5 kg en 2012. Si l’on ignore la théorie bizeulienne selon laquelle les Bios sont soit des menteurs soit des tricheurs et que l’on donne crédit à ces chiffres, je ne suis pas du tout certain que la comparaison avec la quantité du même métal utilisée par quelques conventionnels en plus des désherbants, insecticides et systémiques soit toujours à leur avantage.

 

Je ne comprends pas non plus en quoi le cuivre serait responsable de déviations aromatiques et de blocages de maturité dans le cadre d’un usage responsable dans la vigne. Si M. BETTANE fait référence à des pratiques qui consistent a apporter de façon massive du cuivre, aux alentours de 7 kg de bouillie bordelaise par hectare à quelques semaines des vendanges, afin de durcir les peaux et de se préserver de la pourriture, j’ose espérer que cela n’est pas le fait d’un vigneron Bio ni même d’un conventionnel dit raisonné. Les conséquences d’une telle conduite irresponsable ne peuvent être que néfastes.

 

Bio, Bio D et conventionnels

 

Je ne partage pas plus cette vision selon laquelle Bio et Bio D se livreraient un combat sans merci. Une telle analyse montre une grande méconnaissance de la réalité d’un milieu viticole dans lequel je constate avec régularité les échanges intra ou extra régionaux et mêmes internationaux qu’entretiennent vignerons bio et biodymamistes entre eux, mais aussi avec les conventionnels curieux qui les interrogent. Sans doute la conséquence d’un journalisme de salon à la recherche d’un peu de piquant ?

 

D’autre part, vouloir réduire les vignerons biodymamistes à des adorateurs béats victimes de croyances irrationnelles issues de ce qui est nommé religion, demeure une contre vérité. Puisque la caractéristique principale de ces vignerons là, réside justement dans la soif de connaissances, la recherche de nouvelles techniques et un net refus d’appliquer des recettes toutes faites. Tout le contraire d’une religion.

 

Vins "Nature"

 

Puis revient l’éternel chapitre sur le vin "nature" obligatoirement puant et oxydé qui semble hanter les jours et les nuits de notre critique national à tel point qu’il lui soit maintenant devenu nécessaire d’exporter sa haine dans un pays voisin.

 

Quand on constate l’abhorration de M. BETTANE vis à vis les vins qui ne répondent pas aux codes esthétiques qu’il a définit comme dominants, on peut s’étonner de tant d’intolérance et même se demander quelles motivations profondes le poussent à discréditer ce courant nature, tant il reste marginal par le volume de production qu’il représente et le public qu’il touche.

 

J’ose espérer que les vrais amateurs, ceux qui consultent son guide pour savoir si ce qu’ils goûtent est bon, ne se laisseront pas piéger par quelques vignerons ou cavistes malfaisants soutenus par des blogueurs irresponsables.

 

De façon très surprenante, le bilan carbone, autre marronnier, n’a pas été évoqué, un oubli sans doute.

 

Ce qui me rassure toutefois, c’est que le sujet du soufre, ressemble beaucoup à celui de la Biodynamie il y a trente ans. Ceux qui s'y intéressaient étaient la risée du vignoble alors que maintenant tout le monde veut en être, à tel point qu’il y a même des convertis récents qui pensent l'avoir inventée...

Les vignerons "Nature" que l'on a trop rapidement réduits à vignerons "sans soufre", ce qui est inexact car il faudrait préciser "en Bio ou Bio D et vinifiant sans intrant ou avec des doses infimes de soufre et sans avoir recours à des procédés physiques", sont aussi l'objet de toutes les attaques. Cependant le mouvement de réflexion qu'ils ont initié fait son chemin et maintenant l’ensemble de la profession prend conscience de ses dérives et commence à réduire les doses de SO2 dans ses vins, tout comme elle a reconsidéré ses pratiques culturales et l’usage de nombreux produits phytosanitaires dans ses vignes. On peut raisonnablement penser que dans une dizaine d'années, quelques domaines phare produiront aussi leur cuvée sans soufre. Cependant comme pour le Bio, ils n’en feront pas état. Je veux dire par là qu’ils répèteront à l’envie à tous ceux qui voudront bien l’entendre, sans doute par excès d’humilité, qu’eux le font mais n’en parlent pas, non jamais, ils n’en parlent jamais. Et c’est pour cela qu’ils sont obligés de le répéter sans cesse.

 

 

 

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