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26 juin 2006 1 26 /06 /juin /2006 14:33
Mittelbergheim, mai 2006
Sylvaner Grand Cru Zotzenberg


Au courant du mois de juillet prochain, lorsque les commissions d’agrément auront rendu leurs verdicts, nous trouverons pour la première fois sur le marché un Sylvaner portant la mention Grand Cru Zotzenberg. Il en sera alors fini des cuvées Zotz et autres Z, maintenant réservées au Zinkoepflé.

DSC01351.jpgMittelbergheim


En effet, le décret du 21 mars 2005 autorise maintenant le Sylvaner issu de ce terroir, à appartenir à l’appellation Grand Cru.

C’est l’occasion de revenir plus en détails sur Mittelbergheim et son terroir, de faire le point sur les différentes étapes qui ont conduit à cette reconnaissance ainsi que de découvrir en avant-première, le premier millésime de Sylvaner Grand Cru.

Mittelbergheim et son Grand Cru

Situé entre Barr et Andlau, le charmant village de Mittelbergheim compte à ce jour 630 habitants. Son patrimoine architectural Renaissance et son environnement lui valent de faire partie des plus beaux villages de France.

Des documents attestent la présence de la vigne en 1180. Cependant, l’origine de son implantation doit remonter à la période de l’occupation romaine, comme cela a été le cas dans l’ensemble de la région.

Avec 20 vignerons présents, Mittelbergheim possède une forte activité liée à la vigne et un niveau qualitatif d’ensemble très satisfaisant. La jeune génération de vignerons a pris en main son avenir et un réel dynamisme l’anime, dans une atmosphère conviviale.

GC-Zotzenberg-.JPGGrand Cru Zotzenberg

Le Grand Cru Zotzenberg est le seul terroir classé en Grand Cru de la commune, qui dispose d’autres parts, de lieux dits de grande renommée comme le Stein, le Brandluft et le Rippelholz. Sa superficie est de  36,45 hectares exposés Sud, Sud-Est. 

Les composantes géologiques sont de type marno-calcaro-gréseux. Cependant, selon l’endroit où l’on se trouve, ces éléments sont en proportions variables.

Les premières références faites au terroir dit alors Zoczenberg, se trouvent dans des documents datés de 1364. Il est alors divisé en deux parties, l’Oberer et l’Unterer, auxquelles les vignerons actuels font toujours référence. L’origine étymologique est incertaine, bohémienne pour les uns en référence au mot zotz qui signifie lièvre dans ce langage, d’autres y voient la forme germanisée de sosis qui signifie pré montagne. Il est également évoqué une origine faisant référence à weinsosze, que l’on traduit par épice du vin.

Actuellement le Sylvaner occupe 14 hectares des 36 que compte le Grand Cru, le reste de l’encépagement se répartissant en Riesling, Pinot Gris et Gewurztraminer.

Une seule parcelle de Muscat y subsiste, son propriétaire ne pourra plus en revendiquer l’origine en Grand Cru car ce cépage a été exclu par le décret, au profit du Sylvaner.

Si l’encépagement en Sylvaner de ce terroir a pu représenter à une époque à peu près 80% des surfaces
plantées, il est à noter que sa présence est restée à ce jour importante, en raison de la notoriété de ce vin qui a su s’imposer grâce à une forte identité.

La marche pour la reconnaissance

Dans les winstubs strasbourgeoises d’avant-guerre, Zotzenberg était synonyme de Sylvaner dans son expression la plus prestigieuse. L’évocation du lieu-dit suffisait, la référence au cépage étant superflue tant cela était évident.

Cependant, dans les années qui ont suivi l’instauration des Grands Crus, il a été interdit aux vignerons de faire référence au lieu dit Zotzenberg pour le Sylvaner, dans la mesure où celui-ci ne faisait pas partie des cépages nobles.

D’épiques controverses ont émaillé la longue marche pour la reconnaissance du Sylvaner Zotzenberg, et lesdémêlées d’Albert Seltz avec l’INAO ont animé la chronique judiciaire.

Etiquettes-Z-ZOTZ.jpg


Finalement la démarche menée par le syndicat viticole de Mittelbergheim auprès de la Commission Bousquet,
chargée par l’INAO d’étudier le dossier, a abouti. Cette dernière, après s’être déplacée 2 fois au cours des 8 dernières années a constaté que, compte tenu de l’étendue des surfaces plantées, des dégustations faites sur des millésimes anciens ainsi que de l’antériorité historique, il était légitime d’accorder au Sylvaner l’appellation Grand Cru sur le terroir Zotzenberg.

Comme je le soulignais précédemment, il en sera alors terminé des cuvées Z ou Zotz, seul moyen laissé aux vignerons, pour faire référence indirectement au terroir tout en restant dans la légalité.

Le Millésime 2005

2005 offre aux vignerons de Mittelbergheim un splendide millésime, parfaitement équilibré avec une très belle acidité tartrique. Les quelques vins dégustés montrent déjà leur caractère gourmand avec une structure profonde et la salinité typique de ce terroir.

Le Domaine Gilg qui possède 1hectare 30 de Sylvaner en Grand Cru, a vinifié un très beau vin actuellement soutiré et filtré qui sera mis en bouteilles prochainement. Le nez est encore fermentaire avec des notes de figue, la bouche ample avec du gras et un bel équilibre sur le sec. Ce Domaine produit également depuis plusieurs années une cuvée en surmaturation issue d’une parcelle contiguë au Grand Cru et qui ne pourra en revendiquer l’origine. La taille des vignes en guyot simple, adoptée depuis plusieurs années, a réduit la vigueur de leurs plants et le niveau qualitatif est très satisfaisant.

Claude Seltz du Domaine Emile Seltz possède, quant à lui, 60 ares de Sylvaner sur le Grand Cru. Les vignes sont âgées et leur vivacité bien maîtrisée. Son Sylvaner 2005 est encore sur lies, il possède encore 10 grammes de sucres résiduels qui devraient disparaître en partie lors du redémarrage de la fermentation ce printemps. A ce stade, le nez est encore sur la réduction, mais la matière est riche et le résultat prometteur.

Sylvaner.jpg

Sylvaner, le 24 octobre 2005

Au Domaine Boeckel, Thomas me fait part de sa satisfaction pour ce millésime. Le vin est actuellement en foudre où il poursuit son élevage. Le nez est très typique du terroir avec de la fraîcheur. En bouche le vin est sur la réserve, la palette aromatique encore serrée par un long hiver. Tout cela va s’équilibrer avant la mise en bouteille qui interviendra le plus tard possible, mais avant les prochaines vendanges. Le rendement à l’hectare a été cette année de 45 hectolitres, ce qui explique la concentration et la matière.

Le Domaine Rietsch a voulu marquer cette première année en Grand Cru en élaborant une vendange en surmaturité récoltée avec un potentiel de 19,5°. Le résultat est majestueux, le nez marqué par les agrumes confits, l’ananas et le litchi. La bouche splendide offre une explosion d’arômes d’ananas et de poire, avec en finale une salinité bien soutenue par l’acidité. Malheureusement, le volume de cette cuvée est faible et il ne faudra pas attendre, pour ceux qui veulent être servis.


Par ailleurs, la cuvée vinifiée en sec est encore en cuve, malo faite. Il reste encore des sucres résiduels et Jean-Pierre Rietsch attend la reprise de la fermentation. Malgré la sucrosité présente, on retrouve en finale la salinité typique du terroir.

 

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